C'est en pleine lecture de l'inédit de Georges Perec : " Le Condottière ", que je me suis permis un petit tour dans le " Bestiaire pour les jours de cafard " de Jean Zéboulon.
Rien d'étonnant si cette incursion dans un monde un peu enfantin -mais pas du tout puéril - ne contrarie pas la lecture de Perec, car il y a beaucoup de points communs entre lui et Jean Zéboulon qui lui aurait sûrement plu : même amour de la langue, mêmes allusions à d'autres oeuvres et même goût des jeux de mots, des plus potaches aux plus fins.
Vient donc de paraître chez Harpo une réédition de ces petits textes déjà parus au Seuil en 2004.
Beau travail que ce livre au format carré, depuis la première de couverture avec, en très légère incrustation, un escargot stylisé en or sur un très beau rouge, les noms en marine de l'éditeur et des auteurs - car rien ne serait si parfait sans les gravures sur bois de Zaven Paré - jusqu'à la quatrième où s'est arrêtée en plein vol une chauve-souris ; bleu nuit, bien sûr.
J'ai déjà parlé de Jean Zéboulon (cf " Des z'animaux" du 23 Août 2011) et le charme opère une fois encore : court texte en page de gauche, gravure grattée noire et sanguine à droite.
Quelques minutes suffisent pour découvrir ces sortes de haïkus, poétiques ou drôlatiques, qui disent beaucoup de l'animal croqué et titillent l'intelligence et la finesse du lecteur.
Le plaisir est déjà grand en solitaire (!), mais il décuple sans doute d'être partagé avec des amis, ou avec des enfants - toutefois déjà lecteurs, munis d'un solide sens de l'humour et d'une certaine culture générale.
Un aperçu ?
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Tatou, t'as rien
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A l'école des loups, l'enseignement
commence toujours par la faim
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La présence d'un adulte est souhaitable, pour accompagner la lecture ou pour fournir les réponses aux questions. Ainsi :
Lorsqu'il évoque le souvenir de son papa,
le jeune oiseau au long bec commence
toujours ainsi :
" Mon père, ce héron ... "
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Vous choisirez vraisemblablement de sauter celle-là ou de faire semblant de ne pas l'avoir comprise...
Prenez la précaution de bien rire avant, en catimini !
Certes, le rhinocéros est un gros ongulé,
mais qui oserait le lui dire en face ?
Riez bien !
L'auteur rappelle que " Le cafard, on finit toujours par l'avoir " ...
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