Voici le dernier opus de Laurent Mauvignier. Edition de Minuit. Mars 2011.
Tout petit livre, tout petit prix de 7 euros, tout petit temps de lecture des 52 pages, mais
grand texte !
Quelque chose de terrible a eu lieu quand le livre commence ; ainsi :
" et ce que le Procureur a dit, c'est qu'un homme ne doit pas mourir pour si peu,... "
Pas d'alinéa. Pas de point, donc. Juste quelques tirets, quelques points d'interrogation.
Seules, les virgules ponctuent le souffle de la voix qui parle là au frère de cet homme massacré par des vigiles après avoir bu, sans la payer, une bière dans une grande
surface...
C'est bien de Mauvignier, ça ! Se saisir d'un fait divers bien réel (Lyon, 2009) et le rendre, par la fiction, plus réel encore, pour dire l'humaine condition de la victime et des bourreaux.
La conjugaison est là pour dire le passé de cet homme un peu en marge, montrer le présent qui l'a tué et dessiner le futur de ces pauvres types qui, se croyant intouchables, s'étaient défoulés sur lui ... comme les nazis sur ceux qu'ils considéraient comme des sous-hommes !
Quelle est cette voix qui parle au frère de cet homme, on ne sait pas vraiment, mais c'est bien à nous, frères et soeurs de cet homme simple, que parle Laurent Mauvignier et ça donne envie de gueuler !!!