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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 01:13
En Décembre c'est l'apothéose,
   la grande bouffe et les p'tits cadeaux,
   ils sont toujours aussi moroses,
   mais y a d'la joie dans les ghettos !
   La Terre peut s'arrêter d'tourner,
   ils rat'ront pas leur réveillon ;
   moi j'voudrais tous les voir crever,
   étouffés de dinde aux marrons."  ça, c'était du grand Renaud !
Remarquez, j'adore la dinde aux marrons et " j'voudrais pas crever " (là, c'était du grand Vian)... mais quand même, c'est d'une indécence, cet étalage de bouffe bien chère que plein de gens zyeutent aux étals en crevant de faim...
On pense à du grand Prévert (par le grand Mouloudji...) :  

La grasse matinée

II est terrible le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l'homme la tête de l'homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde dans la vitrine de chez Potin
il s'en fout de sa tête l'homme il n'y pense pas
il songe il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n'importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois un deux trois
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours Ça ne peut pas durer
ça dure trois jours trois nuits sans manger
et derrière ces vitres ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégées par les flics
flics protégés par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines...

Un peu plus loin le bistro café-crème et croissants chauds
l'homme titube et dans l'intérieur de sa tête
un brouillard de mots un brouillard de mots
sardines à manger oeuf dur café-crème
café arrosé rhum.
café-crème café-crème café-crime arrosé sang !...

Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour l'assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro franc soixante-dix deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.

Il est terrible le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
. "
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commentaires

P
<br /> et nous sommes en 2009 et rien n'a changé ! Gros bisous<br /> <br /> <br />
Répondre
<br /> Hélas... Bientôt 2010 : résistons !<br /> <br /> <br />
Y
<br /> « Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper. » VH<br /> <br /> <br />
Répondre
<br /> Toujours d'actualité aussi, le grand Hugo !<br /> <br /> <br />

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