Est paru en Février 2013 chez NOUS, dans une traduction de l'allemand par Alain Jadot et avec une préface de Christian Prigent, un réjouissant livre de poèmes d'Oskar Pastior (1927-2006).
Issu de la minorité allemande de Roumanie, il a survécu à la déportation dans plusieurs goulags russes. Rien n'en est resté dans sa poésie si ce n'est son obstination à démantibuler la langue jusqu'à la faire tourner à vide dans des jeux délirants qui font pourtant sens.
Suite à une rencontre avec Jacques Roubaud en Allemagne, il a été coopté par l'OuLiPo en 1992 et obtiendra juste avant sa mort le prestigieux prix Georg Büchner.
Les POEMESPOEMES se diff
érencient plus du papier que l
e papier par rapport à eux da
ns cette marge de manoeuvre
se trouvent les chances et le
malheur des uns comme des
autres les POEMESPOEMES
ne peuvent être comparés qu'
avec des choses comparables
et doivent donc être considér
és en tant qu'inventions ils
subissent l'altération cepend
ant une fois écrits dans leur
langue ils se comportent autr
enment qu'en théorie servent
leur propre but et ont les
rieurs de leur côté pile tandis
que les muses se battent en
silence et en face
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dans le poème-spirotechnique est expliqué pourquoi le genre épique a et doit avoir un souffle plus long que la poésie cela se fait au moyen d'un système composé d'un embout buccal à double-cloison voire de membrane socle enveloppe et calendrier la démonstration se présente ainsi pour les courts-sur-pattes les larges-du-bassins ont un moindre écho dans les statistiques mais bénéficient d'un rayon plus grand en revanche les idéalistes préfèrent les figures de proue de cette manière par l'embout buccal double-cloison voire membrane socle enveloppe et calendrier deux poumons de foot subissent un entraînement et tout doute se dégonfle celui qui penserait encore que le poème-spirotechnique est quelque chose d'innocent marche à contrevent
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Dans les dernières pages de l'ouvrage, le traducteur nous confie les difficultés qu'il a dû surmonter avec l'aide de Pastior qui parlait sept langues, mais pas le français !
Christian Prigent, lui, nous donne en préface des clefs pour pénétrer " la complexité (voire l'opacité) des poèmes... car la poésie d'Oskar Pastior est d'une radicalité intraitable et ses opérations de langue d'une subtilité vertigineuse. "
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