16 mars 2013
6
16
/03
/mars
/2013
10:47
Chaque concert de Philippe GUILLARD
nous plonge dans la beauté âpre mais fraternelle des textes de Ferré, ou des autres poètes que Léo avait mis en musique.
Bien sûr il y a la voix, âpre elle
aussi, qui vous vrille les mots dans les oreilles et le coeur, mais il faut aussi voir l'acteur qui fait vibrer les idées, vous les flanque droit dans les yeux et vous met bien ça
dans la courbure !
On ne va pas parler des choses
qui fâchent, comme de l'absence totale de tels artistes dans les circuits radiophoniques et a fortiori télévisés..., de la difficulté d'exister pour ces chanteurs et
musiciens talentueux tant qu'un tourneur
efficace ne les a pas repérés... car il y a, heureusement, les curieux qui "tombent" parfois sur eux au détour d'un verre au comptoir d'un troquet, et le bouche à oreille entre les aficionados et
leurs contacts, et la fidélité de ceux qui, une fois, conquis, ne les lâchent plus.
Ce que dit Michel Kemper de cet
immense artiste est d'une grande justesse :

Il a le physique de bien trois nuits d’insomnies, de lieux interlopes, de cadavres en pagaille et la voix de circonstance, de
nicotine, de rocailles sans filtre, râpeuse, éraillée, devant ce micro, sous les sunlights. Avec cependant l’insolite grâce d’un corps qui presque mime le petit rat d’opéra et, toutes griffes
dehors, cherche sa souris.
Guillard ne fait pas le Ferré : il le chante. Sans co...pier, sans cloner, sans chercher sa voix, sans tromper son monde, sans feuille de pompe, sans académisme suspect, sans lèche-cul ni lèche-Léo.
Guillard chante Ferré : décontracté. Il se secoue pareillement. Ses mains… tiens ses mains, qui pétrissent la matière chanson, qui palpent Ferré, lui font les poches même ; ses mains et ses doigts dans la glaise, à sans cesse façonner de nouvelles et élégantes perspectives.
Aux hommages pompeux ne le conviez pas : Guillard y ferait trop peuple, pas rasé, pas V.I.P. pour deux sous. Le Ferré de Guillard est organique, viscéral. C’est paradoxalement le « Ferré institutionnel », celui qui se montre, qui s’entend. Celui de Jolie môme, de C’est extra (sans l’ombre ni l’odeur d’une sardine), du Bateau espagnol, d’Avec le temps… Des Anarchistes aussi. On aurait aimé La mémoire et la mer pour savourer la tempête, pour voir s’ouvrir la mer et enfanter une nouvelle fois l’onirique folie.
Guillard n’est qu’acteur qui interprète un de ses classiques. Il eut pu faire Molière, il fait Ferré, l’habite, le rançonne, le fait dégorger. « Je connais gens de toutes sortes qui n’égalent pas leur destin. » Je ne sais si le destin de Philippe Guillard est de déglutir Ferré, d’ensuite le régurgiter. Mais il le fait si bien qu’on aimerait.
MICHEL KEMPER
Guillard ne fait pas le Ferré : il le chante. Sans co...pier, sans cloner, sans chercher sa voix, sans tromper son monde, sans feuille de pompe, sans académisme suspect, sans lèche-cul ni lèche-Léo.
Guillard chante Ferré : décontracté. Il se secoue pareillement. Ses mains… tiens ses mains, qui pétrissent la matière chanson, qui palpent Ferré, lui font les poches même ; ses mains et ses doigts dans la glaise, à sans cesse façonner de nouvelles et élégantes perspectives.
Aux hommages pompeux ne le conviez pas : Guillard y ferait trop peuple, pas rasé, pas V.I.P. pour deux sous. Le Ferré de Guillard est organique, viscéral. C’est paradoxalement le « Ferré institutionnel », celui qui se montre, qui s’entend. Celui de Jolie môme, de C’est extra (sans l’ombre ni l’odeur d’une sardine), du Bateau espagnol, d’Avec le temps… Des Anarchistes aussi. On aurait aimé La mémoire et la mer pour savourer la tempête, pour voir s’ouvrir la mer et enfanter une nouvelle fois l’onirique folie.
Guillard n’est qu’acteur qui interprète un de ses classiques. Il eut pu faire Molière, il fait Ferré, l’habite, le rançonne, le fait dégorger. « Je connais gens de toutes sortes qui n’égalent pas leur destin. » Je ne sais si le destin de Philippe Guillard est de déglutir Ferré, d’ensuite le régurgiter. Mais il le fait si bien qu’on aimerait.
MICHEL KEMPER