Pourquoi poser la question aujourd'hui alors qu'elle me taraude depuis
l'âge de 5/6 ans le nez levé vers la voûté céleste pleine d'étoiles et que je me suis absentée de ce blog depuis si longtemps ?
Parce que je conseille à qui voudrait faire un
point sur cette grande question la lecture de "C'est une chose étrange à
la fin que le monde" de Jean d'Ormesson.
Non, le petit Jean n'est pas un charmant vieux radoteur à chemise
bleue ; pas que.
Je remercie l'amie qui m'a prêté ce livre qui, m'a-t-elle dit- lui est tombé des mains d'entrée, trop bourré de références antiques et
mythologiques pour supporter les transports en commun peut-être. Elle le reprendra plus tard, j'y veillerai car il m'a embarquée
!
***
d'Ormesson a emprunté pour titre le premier vers d'un très beau poème d'Aragon que voici :
"C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout
dit
Ces moments de bonheur ces midis
d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures
blondes
Rien n'est si précieux peut-être qu'on le
croit
D'autres viennent Ils ont le cœur que j'ai
moi-même
Ils savent toucher l'herbe et dire je vous
aime
Et rêver dans le soir où s'éteignent les
voix
Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
Il y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant
C'est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont chez
eux
Comme si ce n'était pas assez
merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si
tendre...
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle
ici
N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que
merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle
"
Ce
dernier vers avait peut-être lui-même inspiré un précédent titre : " C'était bien " et l'académicien prouve assez qu'il n'est pas limité à son camp de naissance car - pour le paraphraser gentiment... : c'est un bonhomme étrange à la fin que
celui-là, dont la culture vaste bien que très diversifiée passe par une langue toujours élégante et maîtrisée, dont le traitement de sujets plus que pointus reste si léger qu'on n'a pas
tant le sentiment de lire ses livres que de participer à une conversation.
Avec ce dernier opus, il revient sur ses propres questionnements de prédilection qui sont bien sûr les nôtres : d'où vient ce monde, où
va-t-il, qu'y faisons-nous et où allons-nous, avec, sous-tendue, la question que tout le monde ne ressent pas forcément le besoin de se poser : y a-t-il un dieu à l'origine des
origines ? ( Et si oui d'où venait-il ?...ça calme :-)
Au lieu de se contenter d'évoquer ces sujets en passant, il tire sur le fil du labyrinthe de
l'histoire du monde en deux cents quatre-vingt-douze pages aux chapitres souvent très courts qui partent de l'inimaginable avant big bang, passent par
tous les stades des découvertes, pour arriver à l'état actuel de nos connaissances qui s'écrabouillent le nez sur le mur de Planck ...
Lire ce livre comme un ouvrage de "vulgarisation" serait déjà une bonne idée, mais on peut aussi entreprendre avec lui ce fabuleux voyage dans le Temps et dans l'Espace et
se régaler de toutes les beautés que ne manque pas d'évoquer Jean d'Ormesson avec sa grâce coutumière
et son indéfectible gaité.
Bonne lecture, amusez-vous bien !