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23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 09:50



Pour se sortir de très fortes lectures, on a parfois besoin d'un peu de légèreté, comme d'un jambon-purée après des agapes. Un polar remplit bien ce rôle, s'il n'est pas trop gore, bien écrit et/ou bien traduit.

Michael Connelly
Michael Connelly est une valeur sûre, son écriture est exigeante et ses thèmes souvent très originaux (que l'on se souvienne de "Créance de sang" adapté à l'écran par Clint Eastwood).
Loin d'avoir tout lu, j'ai été aimantée par un titre alléchant de 1997 que j'avais manqué et dont j'étais impatiente de vérifier s'il allait répondre à mes attentes :  "Le poète"... Hé bien, oui, et même au-delà !

Pour tous les flics de la police de Denver, l'un des leurs, Sean McEvoy, s'est suicidé d'une balle dans la tête. Jack se souvient de la théorie de Sean sur le "seuil limite"  à propos des cadavres : 

" Chaque flic avait une limite, mais cette limite lui était inconnue jusqu'à ce qu'il l'atteigne... Il était persuadé qu'un flic ne pouvait en supporter qu'un certain nombre et que ce nombre variait en fonction de chacun. Certains atteignaient rapidement la limite. D'autres assistaient à vingt morts violentes sans même l'approcher. Mais pour tout le monde, il y avait un seuil. Et quand celui-ci était atteint, c'était fini. On demandait sa mutation aux archives, ou on rendait son insigne : il fallait que ça change, car on ne se sentait plus capable de voir un cadavre de plus. Et si jamais ça se produisait, si on dépassait sa limite, on était dans de sales draps. On risquait d'avaler le canon de son flingue. Voilà ce que disait Sean. "

Mais Jack va vite douter du suicide, de par sa double qualité de frère jumeau du mort et de journaliste, car un mot, tout à fait inhabituel et énigmatique, laissé près du cadavre amène Jack à flairer les pistes d'autres décès de flics qui ne s'étaient, contrairement aux apparences et aux conclusions des enquêtes, sans doute pas suicidés : à côté de tous avaient été trouvés des messages qui se révèlent être des extraits ... de poèmes d'Edgar Poe !

C'est là que Michael Connelly (né en 1957, c'est la lecture de Chandler qui l'a incité à l'écriture de thrillers) démontre toute sa maestria. Bien sûr, il décrit le déroulement de l'enquête, au cours de laquelle s'affrontent les deux démarches souvent antagonistes policiers/journalistes, mais il permet vite au lecteur, dont il titille crescendo la curiosité, de pénétrer le mental abîmé d'un possible assassin en donnant à écouter son monologue intérieur.

Très fort, ce Connelly : mine de rien, sans longues analyses digressives qui nuiraient au cursus de notre lecture, il se démontre sociologue, psychologue, fin lettré et sans aucun doute admirateur d'Edgar Allan Poe.
Pour qui aime Poe, aussitôt refermé ce polar, l'incitation est forte de relire les poèmes, beaucoup moins connus que la plupart des Histoires, sauf peut-être "The raven" (Le corbeau), mais tout aussi remarquables  

A propos d'Edgar Poe, c'est un plaisir de lire cet article de Tiers Livre, le blog de François Bon  :
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1315

                                                Edgar Allan POE
                                                                                           Le Lac

Au printemps de ma jeunesse, ce fut mon destin
De fréquenter, sur la large terre, un endroit
Que je ne pouvais pas moins aimer,
Si charmante était la solitude
D'un lac sauvage, entouré de rochers noirs
Et de hauts pins qui se dressaient au-dessus.
Mais quand la nuit avait jeté son manteau
Sur cet endroit comme sur tout
Et que le vent passait sur moi
Dans sa mélodie tranquille,
Mon esprit d'enfant s'éveillait
A la terreur du lac solitaire.
Pourtant cette terreur n'était pas de l'effroi
Mais un délice tremblant
Et un sentiment indéfini,
Jaillissant d'un esprit assombri.
La mort était dans cette vague empoisonnée,
Et dans son gouffre était une tombe qui convenait
A celui qui par là pouvait apporter une consolation
A ses sombres imaginations,
Dont la pensée pouvait même faire un Eden de ce lac confus.

En évoquant Poe, on ne peut manquer de rendre hommage à son traducteur le plus fin, Charles Baudelaire, dont l'esprit tourmenté mais lucide lui était sans doute fraternel.
Mon "Histoire" de prédilection est  " Le Domaine d'Arnheim " (dont je reparlerai peut-être bientôt) : 


«Dans the Domain of Arnheim, il affirmera que les quatre conditions du bonheur sont: la vie en plein air, l'amour d'une femme, le détachement de toute ambition et la création d'un Beau nouveau.»
  disait Baudelaire, parisien, amant de plusieurs femmes dont on doute qu'une seule l'aimât vraiment, conscient de la qualité de son oeuvre et acharné à la publier, mais bien créateur de Beau nouveau , ça oui !

Bonnes lectures !

                                                                               







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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 01:54
Ce-foutu-Sacre-Coeur--jpgUne amie vient de m'envoyer un pps sur Montmartre.
Joli, mais, hélas, maintenant, ce qu'il y a de plus beau à Montmartre (comme à la Tour Montparnasse !), c'est ce qu'on voit depuis la butte...
 Car je ne voudrais pas jouer les vieilles rombières désabusées mais quand même, c'était bcp plus exaltant quand j'étais petite !
 
La place du Tertre est devenue une foire à tout, les prix sont prohibitifs, les assiettes mal remplies de bouffe internationale dégueu, on ne chante presque plus jamais ensemble dans les cabarets, les "peintres" sont soit des nuls, soit des caricaturistes à caricatouristes néanmoins ravis, qui doivent ramener chez eux une bien curieuse idée des parisiens...
 
En revanche, le funiculaire m'amuse tjrs autant. Les petites rues pentues sont merveilleuses, surtout au printemps, mais n'y vivent que des bobos ou des carrément friqués et les vrais montmartrois en ont été chassés par le prix des loyers et les "escaliers de la Butte"  sont toujours aussi " durs aux miséreux " (et aux dames qui commencent à avoir des problème de grimpette, avec leurs 30 kg, 30 ans et 30 cigarettes de trop !)
 
Quant au Sacré Coeur, je l'ai toujours trouvé sacrément tarte : petite, je l'appelais "le fromage blanc" au grand dam de ma très pieuse grand-mère ... J'habitais Colombes, on le voyait du train tout au long du trajet et je l'ai encore vu pendant des années aller/retour boulot Argenteuil/Paris...
Maintenant, je suis heureuse d'être à Gambetta, plus près des hauts de Belleville au panorama tout aussi spectaculaire, non loin de la Rue Vilin dont il ne reste que le nom mais dont se souvenait Georges Perec (voir article précédent sur ce blog).
 
Reste le souvenir du Printemps 1871, la Commune, et de la Commune Libre de Montmartre où tout avait changé et aurait pu changer... "où tous ceux qui montaient tombaient dans le ravin : " La Butte Rouge ", c'est son nom.
Certes les Communards fusilleront au total 480 otages, mais en réponse aux Versaillais qui avaient massacré les gens pendant la Semaine sanglante où les combats de rue feront au total 4.000 tués (877 du côté des troupes versaillaises).
S'ajoutent à ce bilan les victimes de la répression car, à l'arrière, des liquidateurs tuent méthodiquement les suspects. Une vingtaine de «cours prévôtales» jugent hâtivement les hommes et les femmes pris les armes à la main et les font fusiller sur place.
Le bilan total de la Semaine sanglante est d'environ 20.000 victimes, sans compter 38.000 arrestations. C'est à peu près autant que la guillotine sous toute la période de la Révolution.
À cela s'ajoutent les sanctions judiciaires. Les tribunaux prononceront jusqu'en 1877 un total d'environ 50.000 jugements. Il y aura quelques condamnations à mort et près de 10.000 déportations (parmi les déportées qui rejoindront les bagnes de Nouvelle-Calédonie figure une célèbre institutrice révolutionnaire, Louise Michel.


J
e préfère la belle Tour Eiffel,  fièrement dressée au-dessus de la mêlée !

 
Bises
Françoise 
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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 01:13
En Décembre c'est l'apothéose,
   la grande bouffe et les p'tits cadeaux,
   ils sont toujours aussi moroses,
   mais y a d'la joie dans les ghettos !
   La Terre peut s'arrêter d'tourner,
   ils rat'ront pas leur réveillon ;
   moi j'voudrais tous les voir crever,
   étouffés de dinde aux marrons."  ça, c'était du grand Renaud !
Remarquez, j'adore la dinde aux marrons et " j'voudrais pas crever " (là, c'était du grand Vian)... mais quand même, c'est d'une indécence, cet étalage de bouffe bien chère que plein de gens zyeutent aux étals en crevant de faim...
On pense à du grand Prévert (par le grand Mouloudji...) :  

La grasse matinée

II est terrible le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l'homme la tête de l'homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde dans la vitrine de chez Potin
il s'en fout de sa tête l'homme il n'y pense pas
il songe il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n'importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois un deux trois
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours Ça ne peut pas durer
ça dure trois jours trois nuits sans manger
et derrière ces vitres ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégées par les flics
flics protégés par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines...

Un peu plus loin le bistro café-crème et croissants chauds
l'homme titube et dans l'intérieur de sa tête
un brouillard de mots un brouillard de mots
sardines à manger oeuf dur café-crème
café arrosé rhum.
café-crème café-crème café-crime arrosé sang !...

Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour l'assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro franc soixante-dix deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.

Il est terrible le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
. "
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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 01:15
Je retranscris intégralement l'appel du groupe qui vient d'être créé sur Facebook sous ce titre  :

       "Aujourd'hui, la Quinzaine littéraire est dans une situation financière extrêmement préoccupante, et a fortement besoin d'être soutenue.

       Réellement indépendante, la Quinzaine littéraire est avec quelques autres et très rares revues et certains sites web un des seuls organes prescripteurs de culture, en France et sur le terrain de la francophonie.
Depuis ses débuts en 1966, elle s'est attachée à parler des livres de tous horizons (lettres, arts, philosophie, psychanalyse, histoire... sciences politiques, économie, poésie) sans penser à autre chose qu'à ces livres : l'apport singulier de ces objets de la pensée construits dans le temps avec du temps.
Elle leur a donné une visibilité, et contribué avec détermination au cheminement de ces oeuvres vers leur lectorat.
Dans un paysage culturel dont la diversité ressemble plus à la démutiplication d'un écho, l'entreprise est héroïque.
Née de l'impulsion, de la volonté, et de la passion d'un homme : Maurice Nadeau.

       La Quinzaine littéraire est arrimée à l'art, aux lettres... à la pensée, en ce sens qu'elle ne s'est jamais complue dans le marché de la culture. Elle n'a jamais fait dépendre son énergie, son dynamisme, d'une économie culturelle, mais - toujours - de l'engouement singulier d'un collaborateur pour un ouvrage, - de la nécessité de rendre compte de travaux qui s'élaborent dans un temps parallèlle, celui de l'écriture, - de l'intime conviction que cet ouvrage compte, doit peser, même comme une plume sur un cratère en éruption.
Quelques individus, noués pour un temps à une oeuvre jusqu'à ce que compte soit rendu, font entendre la voix de ces ouvrages, émis par le contemporain, seuls moteurs de la Quinzaine.

       Avec Gilles Nadeau et tous les collaborateurs nous souhaitons sauver cette entreprise éditoriale - remarquable à tous points de vue, de sa disparition anticipée, trop précoce : nous venons glorieusement de fêter le 1000e numéro.
Surtout nous ne souhaitons pas laisser ce seigneur de l'édition qu'est Maurice Nadeau, orphelin de son oeuvre.
Alors, en participant à ce groupe, aidez-nous à sauver la Quinzaine littéraire, faites-la connaître autour de vous, achetez-là en kiosque (si vous ne la trouvez pas demandez à ce qu'elle y soit présente) abonnez-vous au journal ou à sa version en ligne qui vous donne accès aux archives de 40 ans de critique littéraire, artistique et scientifique. Bref, faites ce que vous pouvez, comme vous le pouvez pour ne pas laisser disparaître un journal qui mérite de vivre... pour que puisse vivre une culture véritable (au sens de gratuite, non soumise aux impératifs du marché et aux stratégies du marketing)."


On a déjà sauvé La Quinzaine ! On peut -on doit- encore le faire : il faut absolument S'ABONNER ! Tout de suite (voir l'encart p.15 du numéro 1005 qui vient de sortir) et OFFRIR DES ABONNEMENTS A SES AMIS, bonne idée pour les fêtes, non ?
Les abonnés ont le privilège de pouvoir télécharger depuis le numéro 796 : . Il y a plus de 40 000 articles en ligne, une mine d'intelligence et d'analyses indispensables...
Que serait le mois sans ses deux Quinzaine ???
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12 décembre 2009 6 12 /12 /décembre /2009 01:15
Y en a qui ne l'ont pas, la flemme, comme ce "pisse-copie" de génie : c'est le grand frère de l'ex petit-ami de ma petie-fille ( bon, vous me direz qu'est -ce que ça peut faire !)
Juste pour dire : allez jeter deux yeux bien ouverts sur son site http://pagillet.over-blog.com/ qui vaut le détour.
C'est bien -très bien - écrit, toujours censé, parfois drôlissime et in-tel-li-gent.
Voilà. Maintenant, c'est vous qui voyez !

Comme je mène une vie de patachon, par monts et par vaux chaque soir à écouter dans des petits troquets ou de tout petits théâtres des chanteurs, musiciens, compositeurs-interprètes ignorés des medias mais qui mériteraient de grandes salles combles et que je tchatche jusqu'à point d'heure avec d'autres couche-tard, qu'à 08 heures j'ouvre un oeil à cause des travaux dans l'immeuble voisin mais me rendors aussitôt, me lève à l'heure du déjeuner, passe l'après-midi à lire et que le soir, c'est reparti ... comment voulez-vous que je trouve le temps d'écrire ?
La flemme...



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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 18:45

" Ce que le père a tu, le fils le proclame ; et souvent j'ai trouvé révélé par le fils le secret du père. "
écrivait Nietzsche dans "Ainsi parlait Zarathoustra".
Cette citation figure en exergue du très beau livre de Michel Onfray " Esthétique du Pôle Nord ".


Or, je reçois à l'instant un courriel d'annulation du cours que Michel Onfray devait donner demain 30 Novembre : son père, Gaston Onfray, est décédé ce matin, 29 Novembre 2009...

C'est dans l'ordre des choses que de perdre ses parents et le décès de l'un d'entre eux entraîne un frisson d'effroi à la pensée que... la prochaine fois, ce sera moi !  L'événement nous atteint plus ou moins violemment selon que le décès est brutal et inadmissible, ou bien qu'il met opportunément fin à des souffrances intolérables, ou encore qu'il marque l'inéluctable point final de toute vie humaine. Dans tous les cas, l'intensité de notre propre souffrance dépend beaucoup de la qualité de la relation que nous avions avec notre parent.

En ce qui concerne Michel Onfray, peu enclin à l'étalage personnel, on se souviendra seulement avec émotion de ce qu'il dit - ici ou là dans ses livres - de ses parents, dont la dure condition d'exploités a, bien sûr, participé à sa première prise de conscience politique et à la saine révolte qui ne l'a pas quitté. 
Relire la " Politique du rebelle. Traité de résistance et d'insoumission " est très éclairant et tout particulièrement roboratif.   

L'envoi intitulé Fidélités de son " Esthétique du Pôle Nord " (Ed Grasset Janvier 2002) donne la mesure du respect et de l'amour qu'il portait à son père dont il a concrétisé le seul rêve formulé et il ne m'en voudra pas - ni son éditeur, j'espère ! - de le retranscrire ici in extenso : 

       " Depuis sa naissance le 29 janvier 1921, jamais mon père n'a quitté Chambois, son village natal normand ; jamais il n'a manifesté de désirs, d'envies, de souhaits ; jamais je ne l'ai vu récriminer ou se révolter contre son sort ; jamais je ne l'ai surpris dans la convoitise ; jamais il n'a maudit sa condition d'ouvrier agricole qui l'a condamné au dénuement ; jamais je ne l'ai vu dans le ressentiment à l'endroit du monde comme il va et qui l'a fait modeste, sans grade, sans voix, taciturne comme le sont viscéralement les gens de la terre, épuisés au travail, fatigués, éreintés.
          Au milieu d'un champ où nous plantions des pommes de terre, sous le gazouillis d'alouettes époumonées, je lui avais demandé quelle destination il élirait si d'aventure un magicien se penchait sur son destin pour rendre possible ce voyage idéal. Il m'avait répondu : " Au Pôle Nord ". J'avais à peine dix ans, l'âge vers lequel il m'avait désigné, une nuit d'été, devant la porte de la maison où nous habitions, la présence scintillante de l'étoile polaire qui ne se couche pas, reste fixe dans le ciel et sert aux navigateurs pour ne pas perdre leur cap.
          Pour ses quatre-vingts ans, je lui fis cadeau de ce voyage en Terre de Baffin, au-delà du cercle polaire -
au
pôle nord. Ces pages en racontent la partie émergée.
          A mon père, donc.
"          

Que ce modeste article soit à Michel Onfray, dont j'aime à fréquenter la pensée ravigorante, la manifestation de mes pensées fraternelles.
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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 01:18
http://laboiteaimages.hautetfort.com/

Ceci est le lien pour l'ancien site d'Alain Korkos, illustrateur de métier (il prépare - je ne sais pas où il en est- une BD de "Crime et Châtiment !), formidable -mais amusant et modeste- érudit, actuellement chroniqueur sur mon site chéri : Arrêt sur Images = @si, (auquel je rappelle à tous que chacun peut s'inscrire moyennant une somme modique, pour continuer à décrypter l'actualité avec un oeil plus avisé que celui de l'avaleur béat de télévision...)
C'était une vraie " boîte à images " en effet, et quel régal ! Allez y, fouillez et dégustez sans modération.

Je viens de revoir l'émission d'Arrêt sur Images du 28 Mars (le site avait trois mois) où, entre autres, Daniel Schneidermann interroge Alain Korkos sur son travail.
Ce dernier montre la photo réalisée par la célébrissime Anne Leibovitz pour la marque Vuitton, pub que tout le monde a vue, avec la belle gueule abîmée de Keith Richard.
A.K. révèle ce qui vous/m'avait complètement échappé : la photo constitue en fait une vanité traditionnelle chez les peintres ( de la Tour, Holbein, etc) ... Sidérant !
Et surprenant de voir à quel point nous ne savons pas voir.
Remarquez, non, pas surprenant si l'on considère que nous sommes paraît-il confrontés - sans compter la télévision et l'ordinateur- à environ 3 500 images fixes par jour !!!


NB : le bon lien est : http://plumesetpinceaux.hautetfort.com/about.html

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 11:20
Hier après-midi, au Carré de Baudoin 121 rue de Ménilmontant Paris XXème, lieu généreusement ouvert à tous, ont été projetés devant une nombreuse assistance (présence de Paulette Perec et d'un perecquien, Julian West ) trois films autour de Georges Perec :

A - " En remontant la rue Vilin " -rue qui a entièrement disparu, comme de nombreuses rues de l'Est parisien qui s'effacent du plan, mais pas des souvenirs des plus anciens ...- est un film merveilleux de Robert Bober, une  espèce d'enquête-montage d'après des photos de la rue Vilin, croisées avec des notes de Georges Perec qui avait un projet d'écriture très particulier à son sujet :
  

" Sur le flanc de Ménilmontant à Paris, la rue Vilin partait de la rue des Couronnes et, traçant sur 43 mètres une sorte de S inversé, débouchait sur la rue Piat par un escalier abrupt au sommet duquel on découvrait le plus beau panorama de la ville. C’est l’un des douze lieux parisiens dont Georges Perec avait, en 1969, projeté de décrire, douze ans durant, le devenir.

La rue Vilin n’est plus. À son emplacement se trouve désormais un vaste espace vert. Classée en 1863, elle avait, environ un siècle plus tard, été déclarée îlot insalubre.
Et le 4 mars 1982, le lendemain même de la mort de Perec, la pioche des démolisseurs achevait de la démolir, abattant notamment le n° 24 où l’écrivain avait passé les six premières années de sa vie et où sa mère, déportée à Auschwitz en 1942, tenait un salon de coiffure.
Avec "En remontant la rue Vilin", à l’aide de quelques 500 photographies prises sur des décennies, en la reliant à l’œuvre et à la biographie de Perec, Robert Bober tente mimétiquement de dégager l’un des ressorts de sa démarche littéraire : nommer pour sauver de l’oubli, écrire pour témoigner de ce qui fut, "arracher quelques bribes précieuses au vide qui se creuse "."

Revoir ce film ravive à chaque fois une intense émotion à laquelle n'ont pas échappé hier les spectateurs, instruits ou non de l'oeuvre de Georges Perec.

Il peut être visionné à la BNF (Fiche film n°1501 - 1992)

B - Dans "La vie filmée. 1930-1934"  on entend la voix de Perec commenter avec humour et tendresse de petits films d'amateurs, témoignages d'une vie passée.

C - Dans " Rue de Crimée ", le jeune réalisateur Eric Watt, un peu à la manière de Robert Bober, inventorie les boutiques de cette rue populaire et les gens qu'il y a croisés, tout en émaillant régulièrement le film de rappels historiques sur la guerre de Crimée qui donna son nom à la rue.

Eric Watt, présent à cette séance, a exprimé ensuite son admiration vive de l'oeuvre de Georges Perec (lui-même grand amateur et auteur de cinéma  ).
Il dit avoir voulu procéder à une espèce de tentative d'épuisement de cette rue, habitée et parcourue par des dizaines de différentes populations d'émigrés, thème dont Perec ne parla pas directement mais évidemment sous-jacent dans son oeuvre.
Il a envoyé 400 lettres à divers habitants de la rue dont il a relevé "au feeling" les noms dans l'annuaire. 
Très peu ont répondu mais ceux-là se sont volontiers exprimés.

Eric Watt dit qu'à partir du nom de guerre de cette rue, il a voulu " une utopie réalisée " : les habitants lui parlent de leur propre histoire, la croisent avec celle des autres, en parlent entre eux et finissent ainsi par mieux se connaître.

La rue de Crimée n'a pas disparu, pas encore en tous cas, mais de nombreuses boutiques ferment les unes derrière les autres, remodelant continuellement le visage de la rue.
Ainsi celle du photographe qui, dépassé par l'arrivée du tout numérique, vendit précipitamment sa boutique avant même que le réalisateur n'ait eu le temps de lui dire au revoir...
Dans le sous-sol de la pizzeria (!) qui l'a remplacée doivent avoir été enterrés sous une chape de ciment des milliers de négatifs photos et le souvenir des gens qui voulurent y faire fixer un moment de leur vie...

Cruelle métaphore de la disparition !




 








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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 12:15
Yannick Haenel est né à Rennes en 1967. Il a fondé et co-anime depuis 1997 la revue Ligne de risque avec François Meyronnis. Ensemble, ils ont signé cette année Prélude à la délivrance, chez Gallimard.
Yannick Haenel a été pensionnaire de la Villa Médicis en 2009.
Chez Gallimard, est paru cet automne : Jan Karski.

Comment parler encore de ce livre qui vient d'être couronné alors que ma volonté d'en rendre compte avec soin m'a laissée muette depuis ce début d'article à l'état de brouillon?
Trop tard, ou peut-être trop tôt.
Juste le recommander chaudement ! 
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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 12:45
Quand Philippe Guillard "revisite" le grand Léo Ferré, avec la même pugnacité, avec dans la voix les mêmes accents forts, il nous incite à réécouter les textes originaux qui tranchent plus que jamais sur la morosité  et la méciocrité ambiantes.
L'incipit d'Il n'y a plus rien reste un monument à revisiter, lui aussi. Le voici, sauvage et fort :
" " "
La poésie contemporaine ne chante pas, elle rampe.
Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore.
Elle ne prend le mot qu'avec des gants : à "menstruel" elle préfère "périodique" et l'on va répétant qu'il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires et du Codex...
Le snobisme scolaire qui consiste en poésie à n'employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts ou du baise-main.
Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres, ni le baise-main qui fait la tendresse.
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, mais la poésie qui illustre le mot.
Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont le nombre de pieds ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes !
Le poète, aujourd'hui, doit être d'une caste, d'un parti, ou du tout-Paris.
Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé.

La Poésie est une clameur, elle doit être entendue comme la Musique.
Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie, elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale, tout comme le violon ne prend le sien qu'avec l'archet qui le touche.
L'embrigadement est un signe des temps, de notre temps.
Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes.
Les sociétés littéraires, c'est encore la Société et la pensée mise en commun est une pensée commune.

Mozart est mort seul, accompagné d'un chien et de fantômes.
Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes.
Ravel avait dans la tête un tumeur qui lui suça d'un coup toute sa musique.
Beethoven était sourd.
Il fallut quêter pour enterrer Bela Bartok.
Rutebeuf avait faim.
Villon volait pour manger.
Tout le monde s'en fout !

L'Art n'est pas un bureau d'anthropométrie. La lumière ne se fait que sur les tombes.
Nous vivons une époque épique et nous n'avons plus rien d'épique...
La musique se vend  comme du savon à barbe.
Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu'à en trouver la formule.
Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle...

Qui donc inventera le désespoir ?

Avec nos avions qui dament le pion au soleil, avec nos magnétoscopes qui se souviennent de ces voix qui se sont tues, avec nos âmes en rade au milieu des rues, nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à regarder passer les révolutions...
N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale c'est que c'est toujours la morale des autres !

Les plus beaux chants sont des chants de revendication.
Le vers doit faire l'amour dans la tête des populations.

A l'école de la Poésie, on n'apprend pas ; ON SE BAT !
" " "

A bon entendeur, salut !
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  • Beaucoup de lecture, un peu d'écriture.
Poésie, cinéma, musique(s), théâtre, arts plastiques, photo, Paris et aussi la mer "toujours recommencée", de l'humour, mes enfants, mes amis, mes amours et le monde comme il ne va pas...
La vie, quoi !
  • Beaucoup de lecture, un peu d'écriture. Poésie, cinéma, musique(s), théâtre, arts plastiques, photo, Paris et aussi la mer "toujours recommencée", de l'humour, mes enfants, mes amis, mes amours et le monde comme il ne va pas... La vie, quoi !

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