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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 11:18
Que Tania Brimson me permettre de copier/coller le texte de sa critique de cette magnifique exposition :
C'est la vie au musée Mailhol 
61 rue de Grenelle, 75007 Paris
 Tous les jours, sauf le mardi de 10h30 à 19h 


C-est-la-vie--.jpg

"""     "Vanitas vanitatum", "Ubi sunt ?", "Carpe diem" ; bref, "Prends le temps car le temps te prendra".
L’homme compte peut-être autant de devises pour le mettre en garde contre sa finitude que Damien Hirst de gemmes sur son ‘For the Love of God’ : un crâne, serti de quelque 8.000 diamants qui vous brillent sournoisement à la face.
Et voilà, plus brutal que le plus cinglant des dictons, derrière son strass et ses paillettes, le dernier sacrilège de l’artiste britannique rappelle que rien ne renvoie l’homme aussi cruellement à sa mortalité qu’une tête de mort au sourire narquois.
Frappée de l’air du temps, cette nouvelle icône bling-bling du XXIe siècle (déclinée ici en photographie) est prise au musée Maillol comme point de départ pour retracer la représentation des vanités dans l’art occidental. Car tout comme la boîte crânienne se mêle, avec Hirst, à la critique d’une société de consommation où même la mort a été tuée par la corruption des moeurs, il suffit de remonter le temps pour s’apercevoir que, depuis Pompéi, l’iconographie macabre a toujours reflété les us, les catastrophes et les aléas de l’histoire. Toujours inspiré, aussi, les plus grands artistes, du Caravage à Jan Fabre, de Braque à Boltanski. Religieuse lorsque l’Eglise catholique s’en sert comme arme de propagande en pleine Réforme, le parcours montre comment la vanité se sécularise après la Révolution et le "Dieu est mort" de Nietzsche, prenant des connotations plus philosophiques, plus individualistes.
Puis, les débâcles de la modernité, 1914-18, la Shoah, les années sida, la rattachent de nouveau aux angoisses collectives, avant qu’elle ne s’empêtre dans la dérision postmoderne. Une dérision ressentie dans cette exposition bourrée de chefs-d’oeuvre, qui revisite l’histoire de l’art en mettant clairement l’accent sur l’art contemporain. Et qui dégage par là-même un propos plus profond ; memento mori, ("Souviens-toi que tu mourras") tout simplement.
Pour un hymne grinçant à l’art, et à la vie. """
                                                                                            
                                                                                              ***
A propos de vanités, je conseille la lecture du dernier livre du regretté Jacques Chessex (Grasset, décembre 2009 ),
" Le dernier crâne de M. de Sade " dont le narrateur est obsédé.

Jacques-CHESSEX.jpg

" ... un crâne, c'est une Vanité plus ironique, plus tenace, plus nouée sur son os arrondi, ses orbites creuses et le rire de sa mâchoire en ruine, qu'aucun autre objet de désir ou de répulsion, masque ou jouet mensonger, tout juste capable de me distraire provisoirement de mon vrai sort ."  
                                                                                                     ***

Bon, promis, je reviens bientôt avec la suite 3 sur Ernest Pignon-Ernest que d'aucuns me réclament à juste raison !


53.jpg






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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 17:22

Salon de la Jeune Peinture - 1972

( Laissons encore la parole à l'artiste )

" Après avoir fait le collage de la Commune, j'ai été invité par le Salon de la Jeune Peinture.
Je n'étais pas dans le milieu de la peinture, mais du théâtre. La peinture, je ne connaissais pas.
Ils m'avaient dit que le thème était le monde du travail mais ils étaient très embêtés : on leur confiait le Grand Palais pour 12 jours et ils étaient agacés que ce soit seulement 12 jours. Ils vivaient ça comme un handicap, comme un manque de respect pour leur travail.
Je me suis dit : tout le monde est focalisé sur ces 12 jours, alors je vais m'en servir comme d'un élément dramatique - comme on dit au théâtre.
A ce moment-là, il y avait 13 morts d'accidents du travail par jour, sur les chantiers, dans les usines, les mines ; c'était une moyenne.
Alors j'ai demandé une salle entière et j'y ai fait une installation, ce qui ne se faisait pas à cette époque-là.
J'ai dessiné un homme anonyme et j'en ai mis le nombre de ceux qui allaient mourir d'accident du travail pendant la durée de l'exposition et, chaque jour, j'en barrais 13, ce qui faisait que l'oeuvre ne pouvait durer que juste le temps de l'expo.. La salle était remplie et ça faisait 156 !
Personne ne le croyait. C'est à dire que l'ampleur de l'hécatombe était vue à travers le sentiment que c'était très court et en même temps ça donnait une mesure. Parce que lorsqu'on nous donne un nombre de morts, on n'a jamais de repère, on dit " 100.000 ", et voilà.
Là, on disait : c'est très court, mais en même temps les gens ne le croyaient pas, ils disaient : non, mais ce n'est pas possible !
Il y avait une espèce de visualisation, d'incarnation du massacre qu'étaient les accidents du travail à ce moment-là : 700 mutilés et 13 morts par jour soit 1 toutes les 40 minutes... "

Accidents-du-travail---1972.jpg
                                                                                                  ***

Jumelage Nice - Cap Town  - 1974

( Le 6 Juillet 1974, le maire de Nice Jacques Médecin signe le jumelage entre sa ville et celle du Cap, quelques mois après que les Nations Unies ont qualifié le régime de l'Apartheid de crime contre l'Humanité ! )

"  Moi, je suis très attaché à Nice et à son côté cosmopolite. Je suis petit-fils d'immigrés italiens et l'histoire de Nice c'est Garibaldi, Blanqui, tout ça. Alors j'étais consterné ! Nice était la seule ville au monde qu'on avait osé jumeler avec l'Afrique du Sud de l'Apartheid qui était mise carrérnent au banc de l'humanité...
Quand j'ai appris qu'il allait y avoir des tas de manifestations autour de ce jumelage et qu'il y aurait des représentants de l'Afrique du Sud, notamment l'équipe de rugby, j'ai préparé une image.
Je suis parti du dessin d'une famille entière derrière des barbelés. J'ai imprimé (avec Yvette sa compagne) plusieurs centaines de ces sérigraphies et je suis parti à Nice avec des amis que j'avais prévenus.
Nous avons collé toutes ces images, depuis la mairie où étaient prévues les manifestations officielles, jusqu'au stade où aurait lieu la plus visible : le match avec les Springboks.
Donc, sur tout leur parcours, les officiels sont passés devant ces images de noirs derrière des barbelés...

Nice-Le-Cap.jpg
J'ai tout de suite évacué l'idée de figurer la torture et la violence, alors qu'elles existaient et que c'était elles que je voulais dire. Quelque chose m'a amené à penser que la simple image d'une famille était plus forte, exprimait mieux ce qu'était l'Apartheid, interpelait plus en face les gens qui regarderaient.
Une image simple : des gens, voilà.
Si j'avais dessiné des gens torturés, ils n'étaient plus des gens. L'image aurait été évacuée comme étrangère à notre réalité. Il fallait que ce soit de plain-pied, comme pris en flagrant délit : voilà à quoi on nous associe, voilà ce que cache ce jumelage !

J'ai reçu des messages de soutien de membres du comité spécial des Nations Unies contre l'Apartheid qui m'ont demandé de travailler avec eux et ça m'a amené à bâtir avec le grand peintre espagnol Antonio Saura et le philosophe Jacques Derrida une structure appelée Artistes du monde contre l'Apartheid
C'était une centaine de tableaux qui circulaient de capitale en capitale avec une référence directe au Guernica de Picasso et on avait dit que ces toiles appartiendraient au premier gouvernement démocratique d'Afrique du Sud.
( Nelson Mandela, une fois enfin libéré, et élu à la tête de son pays, a voulu rencontrer Ernest Pignon-Ernest auquel il serra la main en disant : " Cette main, je ne me la laverai pas " ) 

Quelquefois, on m'a dit que je faisais des images en situation, mais en y réfléchissant je dirais non : je fais oeuvre de la situation. C'est à dire qu'aussi bien l'événement qui s'y inscrit devient un de ses éléments.
Pour Nice-Le Cap, c'est l'événement qui devient le moteur suggestif - et poétique, peut-on même dire - de mon intervention. "
                                                                                                 ***
        

Bientôt, la suite...



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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 10:53

Laissons-le se présenter :

ernest_atelier.jpg
" J’ai eu le sentiment qu’après Picasso on ne pouvait plus peindre ! Donc, j’ai été écrasé par ce monstre. Pour moi, c’est le plus grand peintre de toute l’Histoire et si je suis devenu artiste c’est sûrement à cause de lui et c’est aussi à cause de lui que j’ai renoncé à peindre ...


0017-13.jpg


Le dessin est une chose plus simple, il peut être comme une chose intemporelle. Moi, j’essaie que les dessins soient investis et il y a bcp de choses qui passent par ce que je dessine et de la façon dont je le dessine. Et il n’y a qu’avec la technique de la sérigraphie, du papier, que je pouvais charger mon travail d’une qualité de dessin particulière. Le papier, et même le fusain on peut dire, parce que le fusain c’est du bois brûlé.

 125.jpg



Paris - Commune 1971

C’est en réfléchissant sur la Commune que j’ai trouvé la solution à ce que je veux dire, à cette espèce de relation avec les lieux. J’étais invité à une exposition sur le thème de la "semaine sanglante" de la Commune et très vite il m’est apparu qu’il y avait une espèce de contradiction de présenter dans une galerie une exposition sur la Commune de Paris et que, naturellement, il fallait l’inscrire dans les lieux, dans le réel, dans l’espace réel.
Donc j’ai fait une image de gisant qui était nourrie de plein de choses, même des morts de la Commune - car il y a des photos des morts de la Commune. C’est la première fois que j’ai trouvé cette technique de très grande sérigraphie, la première fois que j’ai fabriqué un écran de 2,50 m pour imprimer ça ; c’était dans le Vaucluse. J’ai collé ça dans des lieux qui avaient un lien direct avec la Commune, comme la Butte aux Cailles, le Père Lachaise, près du mur des Fédérés, le Sacré-Cœur,
1--Gisants-de-la-Commune1971.jpg

puis des lieux liés au combat pour la liberté, disons en gros, donc la libération de Paris, et des lieux liés à la guerre d’Algérie, notamment les quais de Seine d’où on a jeté des algériens en 61.
C’est là que j’ai compris comment, en inscrivant mes images dans un lieu, je stigmatisais les lieux en quelque sorte.
Je prenais le lieu à la fois - c’est le cas au métro Charonne - comme un objet plastique, c’est-à-dire ce trou dans la ville, ce qu’il infligeait aux images, cette espèce de rupture des corps collés sur les marches, cette espèce de violence qui était faite à l’image et en même temps pour ses qualités symboliques, le souvenir des morts du métro Charonne…


2--Metro-Charonne1971.jpg

 

 

Il y avait peu ce type d’intervention dans la rue, et encore en 66 quand j’ai fait des pochoirs en Provence.

Mon travail n’est pas un refus des galeries, du marché de l’Art et tout ça, le moteur n’est pas ça : c’est d’utiliser vraiment le lieu réel, le lieu du quotidien, pour le potentiel poétique et suggestif qu’il porte.
Au fond, la proposition plastique, ce n’est pas mon dessin, c’est plutôt ce que propose le dessin, une façon d’utiliser le réel comme matériau poétique.

Ce sont des choses comme ça auxquelles je tiens beaucoup : une espèce de simplicité matérielle; comme le dessin lui-même. "
                                                                          ***
Bientôt, la suite...




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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 03:29

Je suis encore sous le choc du magnifique spectacle de Pippo Delbono :
"La mensogna", le mensonge,  vu  - ou plutôt "vécu"-  hier au théâtre du Rond-Point.

                                                                                                                                                               La-mensogna--Pippo-Delbono--1.jpg
 
Voici ce que la presse en disait après les premières représentations à Avignon :
 
"       En pénétrant dans l’usine ThyssenKrupp de Turin, calcinée après un incendie qui fit sept morts parmi les ouvriers, Pippo Delbono ne savait pas qu’il serait dans l’obligation de faire entendre le silence assourdissant qui l’enveloppait. Il ne savait pas qu’il convoquerait ses acteurs pour faire résonner ce qui n’est pas raisonnable, ce qui n’est pas audible. Il ne savait pas qu’il associerait aux images du réel celles de la fiction, en particulier celles du peintre Francis Bacon. Il ne savait pas qu’il s’interrogerait sur ses propres mensonges, sur ses propres omissions et se mettrait en scène dans un spectacle qui traverse toutes les formes de théâtralité. Comme toujours chez Pippo Delbono, les corps sont au centre : corps à la présence massive occupant tout l’espace ou silhouettes en clair-obscur, traversant les zones d’ombre d’un plateau où la mort rôde et s’agite ; corps qui disent l’intranquillité, le déséquilibre, la violence des rapports, dans et hors l’usine. Simulacres, travestissements, jeux de masques et accompagnements musicaux mêlant Wagner à Stravinski sont mis au service d’une fable moderne qui joue des brisures et des cassures, interdisant toute connivence paisible entre acteurs et spectateurs. C’est un théâtre lié à la vie qui s’exprime ici, un théâtre à la fois civique et fantasmatique. Un théâtre où Pippo Delbono lui-même se met à nu au milieu de ses fidèles et étonnants comédiens, dont la présence rayonnante rappelle par instants celle des interprètes de Pina Bausch ou de Tadeusz Kantor. Un théâtre du risque et de l’inconfort qui sait aussi faire la part belle à la tendresse et à l’émotion, à la douceur d’un corps exposé. Créant le trouble, offrant des images inoubliables, il se développe comme un long cri aux intensités multiples, un cri d’amour et de rage. "(Jean-François Perrier)
" La mort traverse le théâtre de Pippo Delbono. Dans La Mensogna ("Le Mensonge"), elle occupe tout, le temps, l'espace, les corps et les voix. Ce spectacle est né en 2008, après l'incendie de l'usine Thyssen-Krupp de Turin, dans lequel six ouvriers ont péri, le 6 décembre 2007. Pippo Delbono est allé dans l'usine, il a rencontré des ouvriers.
 
Au début de La Mensogna, on voit des hommes et des femmes dans des vestiaires. Ils ouvrent et ferment leurs armoires, enfilent ou enlèvent leurs combinaisons, viennent chercher quelque chose à manger, s'asseyent sur un fauteuil usé, posent leur vélo. Le dernier d'entre eux met un costume noir et prend un bouquet de fleurs en verre. Il traverse le plateau, accroche une fleur à sa boutonnière, dépoussière calmement ses chaussures, s'allonge dans une tombe, pose le bouquet sur son coeur.
Puis vient la voix de Pippo Delbono : "Excusez-moi, je n'arrive pas à éprouver de la douleur pour les morts lointaines, seulement de la pitié." Il dit que quand son père est mort, usé d'avoir travaillé pour nourrir sa famille, il n'a pas ressenti de douleur. Mais il a peur de l'inconnu qui l'attend à sa propre mort. Autant que sa voix, c'est sa respiration que l'on entend.

Elle résonne dans le micro comme un souffle apeuré et puissant, partagé entre ce qui le détruit et ce qui le pousse à vivre. A un moment, ce souffle va enfler et soutenir un cri hurlant semblable aux aboiements des chiens. Des spectateurs mettront alors les mains sur les oreilles pour résister à ce déchirement paroxystique accentué par la musique de l'ouverture de Tannhaüser, de Wagner, à fond.

Voilà de quoi est fait Le Mensonge, un spectacle déchirant, en noir et blanc. Noir des costumes et des masques, blanc de la chair nue et des flashs des photos que Pippo Delbono prend avec son téléphone portable.

Sur le plateau, on retrouve l'humanité qui accompagne les spectacles de l'Italien : des comédiens de profession et des gens comme Gianluca, trisomique, ou Bobo, microcéphale interné pendant quarante-cinq ans et devenu, grâce à Pippo, qui l'a sorti de l'asile, une des plus belles personnes qu'il soit donné de voir.

Désir de tout casser

Chacun a sa partition dans ce spectacle hanté par l'exploitation économique, le mensonge politique et le désir de tout casser dans une Italie où les prêtres s'allient avec un exhibitionnisme sordide au grand capital, dans une danse affreusement macabre.

A la fin, Pippo Delbono s'offre, nu comme un ver, tout près des spectateurs, en pleine lumière. On mesure la violence qu'il s'impose à son regard, qui met longtemps à affronter celui du public. Puis il s'en va vers le fond du plateau, là où les ouvriers entraient dans le noir de l'usine.

En frac et noeud papillon, Bobo vient le chercher. Il lui tend ses vêtements, le prend par la main, le fait s'habiller et l'emmène sur le devant du plateau. Juliette Gréco chante une douce chanson d'amour. Les deux hommes sont face aux spectateurs. "Parfois, je voudrais avoir la surdité de Bobo", a dit Pippo Delbono. Il termine en demandant pardon à son père, à qui il dédie le spectacle. "

...............................................

                                                               La-mensogna--Pippo-Delbono--2.jpg

Et ce qu'en dit  Pippo Delbono lui-même :

 
"Je ne suis ni un pessimiste, ni un désespéré. Je souhaite simplement que nous soyons plus lucides sur ce qui se passe autour de nous"
Peut-on accepter de vivre sous la domination du mensonge ?"
 
Dans ce nouveau spectacle, Pippo Delbono pousse un coup de gueule face au double langage des politiques et des médias. 
À l’origine de La Menzogna, il y a l’incendie de l’usine Thyssen-Krupp à Turin dans lequel périrent sept ouvriers. L’entreprise a refusé d’indemniser les familles en argumentant que les ouvriers étaient responsables de l’incendie. Pendant ce temps-là, la télévision exploitait les images du drame pour faire pleurer dans les chaumières. Partout, constate Pippo Delbono, règne le double langage : on dit une chose et on en fait une autre. À quoi servent l’émotion, le pathétique, si personne n’assume ses responsabilités ? Du coup, la réalité prend des allures de labyrinthe kafkaïen et cela à tous les niveaux de la société. On encourage le racisme. L’Eglise condamne l’homosexualité... Alors avec un minimum de mots, entouré de ses fidèles comédiens, Pippo Delbono invente des stratégies poétiques libératrices. 
Histoire de réveiller le public afin que chacun réagisse et rompe le cercle de la passivité.
(Th du Rond-Point). 
 
Infos pratiques :  du Mercredi 20 janvier au 6 février 2010  - 20h30
                             Théâtre du Rond-Point,  Salle Renaud-Barrault
                             2b av. Franklin Roosevelt   Paris 8ème (M° Champs Elysées)

Allez-y prendre un grand coup sur la tête, dans les tripes et au coeur...
Pippo Delbono nous tient " debout dans ce monde (qu'on a) assis "
(ça, c'est du Ferré...)







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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 01:18
http://laboiteaimages.hautetfort.com/

Ceci est le lien pour l'ancien site d'Alain Korkos, illustrateur de métier (il prépare - je ne sais pas où il en est- une BD de "Crime et Châtiment !), formidable -mais amusant et modeste- érudit, actuellement chroniqueur sur mon site chéri : Arrêt sur Images = @si, (auquel je rappelle à tous que chacun peut s'inscrire moyennant une somme modique, pour continuer à décrypter l'actualité avec un oeil plus avisé que celui de l'avaleur béat de télévision...)
C'était une vraie " boîte à images " en effet, et quel régal ! Allez y, fouillez et dégustez sans modération.

Je viens de revoir l'émission d'Arrêt sur Images du 28 Mars (le site avait trois mois) où, entre autres, Daniel Schneidermann interroge Alain Korkos sur son travail.
Ce dernier montre la photo réalisée par la célébrissime Anne Leibovitz pour la marque Vuitton, pub que tout le monde a vue, avec la belle gueule abîmée de Keith Richard.
A.K. révèle ce qui vous/m'avait complètement échappé : la photo constitue en fait une vanité traditionnelle chez les peintres ( de la Tour, Holbein, etc) ... Sidérant !
Et surprenant de voir à quel point nous ne savons pas voir.
Remarquez, non, pas surprenant si l'on considère que nous sommes paraît-il confrontés - sans compter la télévision et l'ordinateur- à environ 3 500 images fixes par jour !!!


NB : le bon lien est : http://plumesetpinceaux.hautetfort.com/about.html

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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 12:45
Quand Philippe Guillard "revisite" le grand Léo Ferré, avec la même pugnacité, avec dans la voix les mêmes accents forts, il nous incite à réécouter les textes originaux qui tranchent plus que jamais sur la morosité  et la méciocrité ambiantes.
L'incipit d'Il n'y a plus rien reste un monument à revisiter, lui aussi. Le voici, sauvage et fort :
" " "
La poésie contemporaine ne chante pas, elle rampe.
Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore.
Elle ne prend le mot qu'avec des gants : à "menstruel" elle préfère "périodique" et l'on va répétant qu'il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires et du Codex...
Le snobisme scolaire qui consiste en poésie à n'employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts ou du baise-main.
Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres, ni le baise-main qui fait la tendresse.
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, mais la poésie qui illustre le mot.
Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont le nombre de pieds ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes !
Le poète, aujourd'hui, doit être d'une caste, d'un parti, ou du tout-Paris.
Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé.

La Poésie est une clameur, elle doit être entendue comme la Musique.
Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie, elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale, tout comme le violon ne prend le sien qu'avec l'archet qui le touche.
L'embrigadement est un signe des temps, de notre temps.
Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes.
Les sociétés littéraires, c'est encore la Société et la pensée mise en commun est une pensée commune.

Mozart est mort seul, accompagné d'un chien et de fantômes.
Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes.
Ravel avait dans la tête un tumeur qui lui suça d'un coup toute sa musique.
Beethoven était sourd.
Il fallut quêter pour enterrer Bela Bartok.
Rutebeuf avait faim.
Villon volait pour manger.
Tout le monde s'en fout !

L'Art n'est pas un bureau d'anthropométrie. La lumière ne se fait que sur les tombes.
Nous vivons une époque épique et nous n'avons plus rien d'épique...
La musique se vend  comme du savon à barbe.
Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu'à en trouver la formule.
Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle...

Qui donc inventera le désespoir ?

Avec nos avions qui dament le pion au soleil, avec nos magnétoscopes qui se souviennent de ces voix qui se sont tues, avec nos âmes en rade au milieu des rues, nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à regarder passer les révolutions...
N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale c'est que c'est toujours la morale des autres !

Les plus beaux chants sont des chants de revendication.
Le vers doit faire l'amour dans la tête des populations.

A l'école de la Poésie, on n'apprend pas ; ON SE BAT !
" " "

A bon entendeur, salut !
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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 15:05
Hier soir : Théâtre de l'Orme, superbe lieu déjà riche en histoire. Construit à la fin du XIXè siècle, le bâtiment a abrité les premiers bains douches de la gendarmerie parisienne de l'époque, est devenu ensuite un lieu de tournage de plusieurs films et accueille maintenant la création artistique, particulièrement théâtrale, sous la vigilance de son directeur qui "mouille sa chemise" avec opiniâtreté dans le contexte actuel plus que difficile.

Comme on peut le voir sur ce lien
http://www.amsorme.com/theatre%20intro.htm la salle de spectacle, plutôt petite mais pleine de ressources pour des mises en scène inventives, est rouge et noire.

On ne saurait mieux accueillir les chansons de Léo Ferré :
"...le rouge, pour naître à Barcelone, le noir, pour mourir à Paris..." !

Aussi est-ce là, entre autres lieux, que Les Guillards ont choisi de présenter leurs spectacles Ferré.
Je le dis au pluriel car, pour avoir déjà assisté à trois séances dans ce théâtre, j'affirme que la prestation est à chaque fois surprenante, " ...ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre...", Philippe Guillard ayant à coeur de ne jamais lasser les mordus qui reviennent fidèlement l'écouter.
Les deux musiciens sont plus qu'à la hauteur : Rudy Guillard très intériorisé à la guitare, fils de Philippe à la voix (et quelle voix !) et Christophe Barennes, modeste mais virtuose, à l'accordéon et aux claviers.

On sent qu'il s'agit là d'une vraie équipe, soudée mais souple, sans grandiloquence mais très professionnelle, qui sait aussi faire face aux aléas avec humour et en toute simplicité.
Ainsi hier, le pied du micro de Philippe a fait des siennes, se coupant en deux au début du toujours merveilleux  "Sous le pont Mirabeau coule la Seine" !
Nous avons tous eu un moment d'angoisse pour Philippe, qui ne prend généralement pas le micro en mains mais joue beaucoup avec le pied autour duquel il organise son jeu de scène très original et toujours inspiré.
Il ne s'est nullement démonté et utilisa la péripétie en "ramant" magistralement avec ce pied cassé, tel un gondolier nonchalant, créant ainsi un "plus" visuel qui collait au plus près au rythme et à l'esprit du poème !

Ne manquez pas les prochains spectacles : 5 et 19 Novembre puis 3 et 17 Décembre,  21H:  
http://www.amsorme.com/actualite_leo_ferre_par_les_guillards.html
Si vous vous inscrivez, la place n'est qu'à 10 E, ce qui est donné, pour deux heures de pure émotion ! 



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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 15:59
Si je m'interrogeais il y a peu sur l'utilité d'un blog, et naguère encore sur celle d'Internet, je ne barguigne plus car c'est bien grâce à la toile que j'ai fait connaissance cette semaine d'un chanteur inclassable, d'une délicieuse libraire et d'un discret écrivain-poète auxquels j'aurais eu peu de chances d'accéder autrement...  

Bien sûr, on n'envoie quasiment plus de lettres manuscrites. C'est dommage tout de même, tant était grande la joie de rédiger des nouvelles fraîches à insérer dans une enveloppe épaisse munie d'un timbre choisi tout spécialement pour le destinataire ; et de découvrir  la réponse plus ou moins fébrilement attendue.
Mais seuls les réseaux Internet permettent cette multiplication de liens virtuels qui deviennent parfois réels.

Ainsi, par le truchement d'un "ami" - qui m'avait recommandé une "amie" - dont la fille est libraire, etc.,  il m'a suffi, comme en jouant, de dire : " Je demande la fille " pour la voir derrière le stand de sa librairie au Salon des Ecrivains à Rambouillet (
Labyrinthes 2/6 rue Chasles à 78120 Rambouillet) et pour si bien sympathiser que nous allons devenir de vraies amies, croix de bois, croix de fer...

A son stand, j'aperçois alors la moue un peu lasse de l'écrivain (pas écrivaine du tout !) Pascale Petit dont j'avais lu la très novatrice Manière d'entrer dans un cercle et d'en sortir grâce à François Bon (voir mes liens) qui l'avait publiée au Seuil dans sa collection Déplacements.
Lui rappeler sa lecture d'extraits de ce livre, tout nouveau bébé à l'époque, à une soirée MyCroft illumine soudain son visage.

A une grande table s'ennuie Giovanni-Michel Del Franco, un écrivain franco-italien jusqu'alors tout à fait inconnu de moi mais dont un titre m'attire : La poésie fout l'camp, Léo, recueil de poèmes de 2003 qui me tombe dessus alors que Philippe Guillard m'avait tout récemment assassinée...
Et le soir même, au Gobe Lune (petit rade populaire de la rue de Bagnolet qui va, hélas, disparaître avec ce mois de Septembre...), ledit Phiphi a réitéré son exploit et m'a pour la seconde fois émue aux larmes, moi à qui les puissantes phrases crève-coeur et pousse-au-cul de Ferré manquent si cruellement !


Alors, coîncidence ? 
Oui  : simultanéité des faits selon les dictionnaires.
Non : concordance ; au coeur du mot, un coeur bat !

C'est chouette, non ?  







 
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  • Beaucoup de lecture, un peu d'écriture.
Poésie, cinéma, musique(s), théâtre, arts plastiques, photo, Paris et aussi la mer "toujours recommencée", de l'humour, mes enfants, mes amis, mes amours et le monde comme il ne va pas...
La vie, quoi !
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