C'est la vie au musée Mailhol 61 rue de Grenelle, 75007 Paris
Tous les jours, sauf le mardi de 10h30 à 19h

""" "Vanitas vanitatum", "Ubi sunt ?", "Carpe diem" ; bref, "Prends le temps car le temps te prendra".
L’homme compte peut-être autant de devises pour le mettre en garde contre sa finitude que Damien Hirst de gemmes sur son ‘For the Love of God’ : un crâne, serti de quelque 8.000 diamants qui vous brillent sournoisement à la face.
Et voilà, plus brutal que le plus cinglant des dictons, derrière son strass et ses paillettes, le dernier sacrilège de l’artiste britannique rappelle que rien ne renvoie l’homme aussi cruellement à sa mortalité qu’une tête de mort au sourire narquois.
Frappée de l’air du temps, cette nouvelle icône bling-bling du XXIe siècle (déclinée ici en photographie) est prise au musée Maillol comme point de départ pour retracer la représentation des vanités dans l’art occidental. Car tout comme la boîte crânienne se mêle, avec Hirst, à la critique d’une société de consommation où même la mort a été tuée par la corruption des moeurs, il suffit de remonter le temps pour s’apercevoir que, depuis Pompéi, l’iconographie macabre a toujours reflété les us, les catastrophes et les aléas de l’histoire. Toujours inspiré, aussi, les plus grands artistes, du Caravage à Jan Fabre, de Braque à Boltanski. Religieuse lorsque l’Eglise catholique s’en sert comme arme de propagande en pleine Réforme, le parcours montre comment la vanité se sécularise après la Révolution et le "Dieu est mort" de Nietzsche, prenant des connotations plus philosophiques, plus individualistes.
Puis, les débâcles de la modernité, 1914-18, la Shoah, les années sida, la rattachent de nouveau aux angoisses collectives, avant qu’elle ne s’empêtre dans la dérision postmoderne. Une dérision ressentie dans cette exposition bourrée de chefs-d’oeuvre, qui revisite l’histoire de l’art en mettant clairement l’accent sur l’art contemporain. Et qui dégage par là-même un propos plus profond ; memento mori, ("Souviens-toi que tu mourras") tout simplement.
Pour un hymne grinçant à l’art, et à la vie. """
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A propos de vanités, je conseille la lecture du dernier livre du regretté Jacques Chessex (Grasset, décembre 2009 ),
" Le dernier crâne de M. de Sade " dont le narrateur est obsédé.

" ... un crâne, c'est une Vanité plus ironique, plus tenace, plus nouée sur son os arrondi, ses orbites creuses et le rire de sa mâchoire en ruine, qu'aucun autre objet de désir ou de répulsion, masque ou jouet mensonger, tout juste capable de me distraire provisoirement de mon vrai sort ."
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Bon, promis, je reviens bientôt avec la suite 3 sur Ernest Pignon-Ernest que d'aucuns me réclament à juste raison !
