Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 11:02

  

         Un certain Nicolas Doisy, espèce de super trader au sourire entendu, explique ce qu'on sait déjà, en termes redoutablement clairs : habitude dans son milieu, dit-il, d'être direct.
Ces types-là me font vomir.
 
      Il avoue, en riant,  qu'il est en CDI mais ne dit pas pour combien de temps si le nouveau traîté passe pour, entre autres choses, achever de bouleverser le monde du travail, déjà sérieusement malmené...
        En tous cas il n'a pas l'air complètement paniqué à l'idée que Hollande sorte des urnes et c'est bien ce qui peut nous alerter en tant qu'électeurs, au cas où ne nous soyons pas encore posé la question...
       Cette video incite à se glisser un couteau entre les dents et à reprendre la Bastille, même si ce doit être, prédit-il, une " grosse angoisse pour les marchés ".
Pauvres 'choux', on s'en ficherait bien si derrière ces anonymes marchés, il n'y avait le fric et les armes...
       Comme chantait Manset " Animal, on est mal " !

 

 

Partager cet article
Repost0
10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 13:36

 

     Si j'avais Pierre Murat en face de moi après certaines de ses critiques de film dans Télérama, nul doute que je lui dise deux mots quant à sa mauvaise foi ou son excessive sévérité et il n'est pas le seul à avoir la plume acérée ! ( Je les aime quand même, voire pour cela même !).

Aucune mauvaise critique ne m'a jamais empêchée de voir un film que j'avais envie de voir même si les critiques ciné de cet hebdo sont souvent sévères, parfois exaspérantes. Ceci vaut pour les cinéphages avisés dont je me targue de faire partie ... et les indécis, eux, peuvent éviter de dépenser près de 10 € en regardant, juste devant le titre du film, la petite icône parmi les cinq allant de "Bravo" à "Hélas" en passant decrescendo par "Bien", "Pas mal" et "Bof".

Tous peuvent apprécier ces critiques, bonnes ou mauvaises mais indispensables à lire avant ou APRES avoir vu un film car Télérama mouille sa chemise pour ses lecteurs, peut se tromper mais ne les trompe pas et demeure un outil fiable.

 

Certains le savent si bien qu'ils essaient de lui fermer le bec au moment de la "promo" dont ils attendent tout !

Ainsi, voir p 45 du n°3238 :

" Une fois encore, Télérama a été interdit de projection. Pour "La vérité si je mens 3 "de Thomas Gilou. Mauvais signe..."

 

Signe qu'on ne peut plus rien dire quand il s'agit avant tout de faire du chiffre, en matière de films comme en tout.

ça se chante : " L'argent, l'argent, tout s'achète et tout se vend "...

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 11:15

   Pendant plusieurs mois, écrire un article relevait de la performance et il m'était devenu impossible de publier le moindre commentaire sur le blog des amis.

   Or, voici qu'aujourd'hui tout fonctionne à merveille !

 

   Overblog m'a adressé un message m'invitant à participer à l'amélioration future du site. L'occasion était trop belle, après maintes et vaines tentatives de trouver solution à mon problème, pour la manquer.

 

   Comme un pavé était prévu pour un complément de réponse, j'ai rappelé le dysfonctionnement inexpliqué, spécifiant  que le mutisme du site ne m'incitait guère à une quelconque collaboration...

   Et, hop-là, tout est règlé...

 

 

 

Partager cet article
Repost0
16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 09:52
 
               Mardi 18 Octobre 2011 :
de 14h15 au soir, au Forum des Images (rue du Cinéma,après la Place Carrée M° Les Halles) :
4 films sur le massacre des Algériens à Paris le 17 Octobre 1961
  
                C'est Mardi 18 Octobre 2011
- Mémoires en blanc (court métrage en noir et blanc)
Une jeune femme marche dans Paris, tandis qu’un commentaire rappelle les tragédies qui s’y sont déroulées pendant la guerre d’Algérie : celle du 17 octobre 61 et celle du métro Charonne en 1962.
 
- 14h15 Le silence du fleuve             Agnès Denis et Mehdi Lallaoui
Cette histoire n’est pas ancienne : elle a notre âge. Nous avons voulu en débusquer les traces dans les archives, dans les mémoires, comprendre pourquoi nous l’avions apprise par hasard.” Trente ans après, le film d’Agnès Denis et Mehdi Lallaoui, mêlant témoignages, archives d’époque et séquences tournées sur les lieux, brise le silence entourant les événements du 17 octobre 61.  (Projection 50 ans après !)
 
- 16h00 Dissimulation d'un massacre   Daniel Kupferstein
Quarante ans après le 17 octobre 61, témoins, historiens et journalistes font le récit de ce tragique événement, longtemps caché par les autorités et refoulé par la conscience collective. Le film évoque notamment le procès en diffamation contre l’écrivain Jean-Luc Einaudi, intenté, et perdu en 1999, par l’ancien préfet de police Maurice Papon. 
 
- 17h15 Nuit noire                           Alain Tasma
La nuit du 17 octobre 1961, à travers les points de vue et destins croisés de divers personnages. “Exemple probant de la légitimité des fictions historiques complémentaires des documentaires […], un film qui retrace les faits sans caricaturer aucun des camps, où chacun est dépeint et interprété avec dignité et émotion, sans aucun dérapage.” (Jean-Luc Douin) 
 
- 19h30 Ici, on noie les Algériens        Yasmina Adi 
À l’approche de l’anniversaire du 17 octobre 1961, Yasmina Adi est partie à la recherche de témoins, français et algériens, ayant participé ou assisté aux événements de cette nuit-là… Cinquante ans plus tard, leurs témoignages, alternant avec des documents d’époque, ravivent le souvenir de cette page sombre de l’Histoire.
 
- 22h00 Octobre à Paris                   Jacques Panigel   *****
Entrepris dans la clandestinité aux lendemains du 17 octobre 1961, ce film fut le premier à dénoncer l’effroyable répression de la manifestation pacifique des Algériens de Paris contre le couvre-feu. Longtemps frappé d’interdiction, il s’apprête à connaître enfin une diffusion en salle, un an après le décès de son auteur
 
 
Les moins jeunes d'entre nous se souviennent-ils seulement de la date à laquelle ils ont appris ces atrocités ?
Moi pas, mais très vite tout de même, fin Octobre 1961: je venais de rentrer à la fois en Fac, en syndicalisme et en politique...
 
Et les plus jeunes ? Si leurs parents ne leur en ont pas parlé, ils ne savent toujours rien ou pas grand chose, car c'est encore sujet tabou.
Je me souviens avoir emmené ma fille et l'une de ses amies, franco-algérienne, le 4 Août 1989 à l'exposition "La traversée de Paris" à la Grance Arche : les derniers pas s'effectuaient entre des téléviseurs qui passaient en boucle des videos, dont une -très rare- des événements en question.
                                      Merci au Forum des Images !
Partager cet article
Repost0
7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 10:44

 

Réveillée en sursaut au milieu de la nuit, j'ai éprouvé l'impératif besoin de noter illico presto la phrase que je venais de prononcer ... en rêve :

 

Que deviennent les petites graines qui éclosent stérilement, laissant pour seule trace l'alcôve en creux de leur forme au velouté de la gousse.

 

Impression de message urgent de mon inconscient ; toujours aussi sibyllin, le bougre !

 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 17:46

 

En lisant les derniers posts  sur le blog de Michèle Audin, brillante mathématicienne strasbourgeoise et oulipienne ( qui déclare à la manière de Georges Perec : je me souviens que la Commune supprima les crucifix et madones des écoles, parce que leur présence offensait la liberté de conscience ) :

 

http://blogs.oulipo.net/ma/ ,

 

on comprend pourquoi elle a refusé le grade de Chevalier de la Légion d'Honneur que Sarkozy voulait lui décerner sur sa réserve présidentielle !

 

Elle a motivé son refus - tout en exprimant ses remerciements pour l'intérêt que le Président portait à la recherche fondamentale en mathématiques (!) - en lui rappelant qu'il n'avait jamais répondu à la lettre que sa mère, Josette Audin, lui avait adressée en Juin 2007 pour lui demander de contribuer à faire toute la vérité sur les circonstances dans lesquelles son époux, Maurice Audin, avait disparu cinquante ans auparavant, le 21 Juin 1957, alors qu'il était sous la responsabilité de l'Armée Française.

 

Car Maurice Audin, mathématicien, enseignant à l'Université d'Alger et militant anticolonialiste, a été emmené par le capitaine Devis, le lieutenant Erulin et des militaires du 1er Régiment de chasseurs parachutistes le 21 Juin 1957 et ... n'a JAMAIS ETE REVU ENSUITE ! 

  

En 2003, Ernest Pignon-Ernest a dessiné sa silhouette qu'il a affichée dans tout  Alger.
 

 Parcours Maurice Audin Alger 2003
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 07:30

24 Décembre 2010.

 

Il a dû neiger toute la nuit. On referme les battants des fenêtres contre le vent d'est qui chasse les flocons dans les moindres interstices.

 Jusqu'à ce soir encore, on pourra faire le plein de beautés et de gourmandises pour le Réveillon.

 

Nous réveille alors la pensée des sans-abri sous la neige et des chômeurs le 24 du mois...

 

Un petit Victor Hugo, peut-être ?

 

 :          Pour les pauvres

 

 

Dans vos fêtes d'hiver, riches, heureux du monde,

Quand le bal tournoyant de ses feux vous inonde,

Quand partout à l'entour de vos pas vous voyez

Briller et rayonner cristaux, miroirs, balustres,

Candélabres ardents, cercle étoilé des lustres,

Et la danse, et la joie au front des conviés ;

 

Tandis qu'un timbre d'or sonnant dans vos demeures

Vous change en joyeux chant la voix grave des heures,

Oh ! songez-vous parfois que, de faim dévoré,

Peut-être un indigent dans les carrefours sombres

S'arrête, et voit danser vos lumineuses ombres

       Aux vitres du salon doré ?

 

Songez-vous qu'il est là, sous le givre et la neige,

Ce père sans travail que la famine assiège ?

Et qu'il se dit tout bas : " Pour un seul, que de biens !

A son large festin, que d'amis se récrient !

Ce riche  est bien heureux, ses enfants lui sourient !

Rien que dans leurs jouets que de pain pour les miens ! "

 

Et puis à votre fête il compare en son âme

Son foyer où jamais ne rayonne une flamme,

Ses enfants affamés, et leur mère en lambeau,

Et, sur un peu de paille, étendue et muette,

L'aïeule, que l'hiver, hélas ! a déjà faite

       Assez froide pour le tombeau !

 

 

 "Les Feuilles d'automne". (Extrait)

......................................................................................

 

 

Oublions la suite, par trop bourrée de charitables bondieuseries, gardons juste le message de ce bon vieux Victor et réjouissons-nous : il n'est pas là pour voir que presque rien n'a changé...

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 21:45

Oui, oui, voilà, voilà !

 Ne me dites pas que je vous ai manqué à ce point ou alors dites-le moi gentiment.

 

Certains d'entre vous savent que m'est tombée dessus brutalement ,fin Septembre, le diagnostic d'une maladie orpheline dont on ne connaît pas l'origine, qui frappe très peu de personnes, la plupart du temps de plus de 50 ans et qui, partant, n'intéresse pas les grands labos pharmaceutiques, mais dont les médecins connaissent la seule parade efficace contre la cécité brutale et définitive, risque majeur entraîné par cette saloperie : la cortisone et son cortège de nuisances.

 

 Comme j'ai très largement dépassé la cinquantaine, souffrir d'arthrose, comme le pensaient beaucoup de mes amies, paraissait normal. Mais les douleurs s'intensifièrent, passèrent des membres au cou, puis de la nuque à tout le crâne et finirent par me réveiller la nuit. Là, l'inquiétude fait penser qu'il faudrait se décider à consulter, même si l'on n'a pas trop envie de quitter son statut de " jamais malade " !

Puis un brusque épisode très perturbant de diplopie (vision double) m'a entraînée de l'ophtalmologiste au rhumatologue en passant par une hospitalisation destinée à écarter tout un tas d'hypothèses infernales pour assoir le diagnostic.

 

Je suis donc malade, entrée dans un long cycle de soins mais paradoxalement tout à fait rassérénée car j'ai immédiatement mis fin à mes 40 ans de 40 Gitanes quotidiennes, j'ai appris que j'étais - outre cette maladie, en excellent état général, je subis des doses de cortisone dont les effets sont (m'a dit le chef de service à l'hôpital,  hein !) ceux des amphétamines ou de la cocaïne : je n'ai plus mal nulle part, les nuits sans sommeil ont doublé mes journées qui s'écoulaient trop vite, j'ai rattrappé tout mon retard de rangement, nettoyage, tri de paperasses et tutti quanti, j'ai un moral d'acier, une vitalité à toute épreuve et des projets à la pelle.

Bref : tout va bien !

 

On n'en parlera plus et je peux revenir sereinement à nos moutons, à savoir aux livres et à l'ivresse des sorties !

 

 

Partager cet article
Repost0
10 août 2010 2 10 /08 /août /2010 11:53

 

Dans la cacophonie mondiale s'élèvent parfois des voix aussi rares que précieuses et, lorsqu'elles se taisent, cela fait un silence étourdissant !

 

Ainsi, l'historien britannique Tony JUDT s'est tu le 6 Août à New York où il enseignait ...

 En Mai dernier, il livrait sa réflexion sur le monde et les guerres actuelles des "identités nationales" ( Cet article fait partie d'une série de textes personnels que Tony Judt a publiés dans la "New York Review of Books") :

  

"""

L'"identité" est un mot dangereux. Il ne connaît plus d'usage respectable. En Grande-Bretagne, les pontes du néotravaillisme, non contents d'avoir installé plus de caméras de surveillance que dans aucune autre démocratie, ont voulu (jusqu'ici en vain) saisir comme prétexte la "guerre contre le terrorisme" pour imposer la carte d'identité obligatoire. En France et aux Pays-Bas, le "débat public" fabriqué de toutes pièces sur l'"identité nationale" n'est que le masque transparent d'une exploitation politique du sentiment anti-immigrés et un subterfuge grossier pour désamorcer les inquiétudes nées de la situation économique en faisant des minorités un bouc émissaire. En Italie, en décembre dernier, la politique de l'identité s'est réduite, dans la région de Brescia, à des perquisitions systématiques visant à débusquer des Noirs indésirables : les autorités locales, sans aucune honte, avaient promis à la population un "Noël blanc"

Le mot connaît des usages non moins pervers dans le monde universitaire. Les étudiants d'aujourd'hui peuvent choisir parmi une ribambelle de domaines d'études identitaires : "études féministes", "études du genre et de l'identité sexuelle", "études sino-américaines", voire "études sur les Américains originaires de la zone Pacifique", et des dizaines d'autres encore. Le défaut de tous ces programmes d'études pseudo-universitaires, ce n'est pas qu'ils se concentrent sur telle ou telle minorité sexuelle, ethnique ou géographique, c'est qu'ils encouragent les membres de cette minorité à n'étudier qu'eux-mêmes, ce qui non seulement sape l'objectif même d'une éducation humaniste mais renforce la mentalité sectaire et les réflexes de ghettoïsation qu'ils prétendent éradiquer. Trop souvent, ces filières n'offrent à leurs étudiants qu'un débouché professionnel autarcique et ne visent qu'à se perpétuer en vase clos, décourageant activement tout élargissement des horizons. Les Noirs étudient les Noirs, les homosexuels étudient les homosexuels et ainsi de suite...

 

Ce bain identitaire m'est resté étranger

 Comme souvent, le goût universitaire se contente de suivre la mode. Ces filières ne sont que le produit d'un solipsisme communautaire. Aujourd'hui, nous avons tous une double identité : Irlando-Américains, Afro-Américains, Amérindiens... La plupart des gens, aux Etats-Unis notamment, ne parlent pas la langue de leurs ancêtres et ne connaissent pas grand-chose de leur pays d'origine, surtout si leur famille vient d'Europe. Pourtant, dans le sillage d'une génération qui a revendiqué sa victimisation, ils arborent le peu qu'ils en connaissent comme une marque d'identité : nous sommes ce que nos grands-parents ont souffert. Dans cette concurrence des victimes, les juifs occupent une place particulière. Bien des juifs américains sont hélas coupés de leur religion, de leur culture, de leur langue et de leur histoire. Mais ils ont entendu parler d'Auschwitz, et cela leur suffit.

Le réconfort de ce bain identitaire m'est toujours resté étranger. J'ai grandi en Angleterre, et c'est en anglais que je pense et que j'écris. Londres, ma ville natale, me demeure familière malgré tous les changements qu'elle a connus au fil des décennies. Je connais bien le pays, j'en partage même certains préjugés et préférences. Mais quand je pense aux Anglais, quand je parle des Anglais, j'emploie spontanément la troisième personne : je ne m'identifie pas à eux. Si j'ai cette réaction, c'est peut-être en partie parce que je suis juif : dans ma jeunesse, les juifs constituaient la seule minorité importante d'une Grande-Bretagne chrétienne, et faisaient l'objet d'un préjugé culturel ténu mais indéniable. En revanche, mes parents se tenaient à l'écart de la communauté juive. Ma famille ne célébrait pas les fêtes juives (j'ai toujours connu le sapin de Noël et les oeufs de Pâques), ne suivait pas les prescriptions des rabbins et ne s'identifiait au judaïsme que lors du dîner du vendredi avec mes grands-parents. Grâce à ma scolarité anglaise, je connaissais mieux la liturgie anglicane que les rites et les pratiques du judaïsme. Ma jeunesse juive a donc été fort peu juive.

Cette relation oblique à l'anglicité découlerait-elle du fait que mon père est né à Anvers ? Peut-être, mais lui-même était dépourvu d'"identité" au sens conventionnel du terme : il n'était pas citoyen belge, mais fils d'immigrés apatrides qui avaient fui la Russie tsariste. Ses parents étaient nés dans ce que nous appellerions aujourd'hui la Pologne et la Lituanie. Mais aucun de ces Etats, une fois constitués, n'aurait accordé le moindre égard - et encore moins la citoyenneté - à un couple de juifs belges. Et quoique ma mère (comme moi) soit née dans l'East End de Londres, ce qui faisait d'elle une authentique cockney, ses parents étaient originaires de Russie et de Roumanie, deux pays dont elle ignorait tout jusqu'à la langue. Comme des centaines de milliers d'immigrés juifs, ils communiquaient en yiddish, une langue dont leurs enfants ne pouvaient guère faire usage.

 

Ni anglais ni juif

Ainsi, je n'étais ni anglais ni juif. Et pourtant, j'ai l'impression viscérale d'être - de façon différente et à des moments différents - les deux à la fois. Peut-être ce genre d'identification génétique a-t-il moins d'importance que nous ne lui en accordons ? Et que dire des affinités électives que j'ai acquises au fil des années ? Dois-je me considérer comme un historien de la France, voire un historien français ? Certes, j'ai étudié l'histoire de France et je parle bien français, mais contrairement à la plupart de mes confrères, spécialistes anglo-saxons de la France, je ne suis jamais tombé amoureux de Paris, qui m'a toujours inspiré des sentiments mêlés. On m'a accusé de penser et même d'écrire comme un intellectuel français, compliment empoisonné s'il en est. Mais les intellectuels français, à quelques glorieuses exceptions, me laissent froid : voilà un club dont je me laisserais volontiers exclure.

Et qu'en est-il de mon identité politique ? Fils d'autodidactes juifs, j'ai grandi dans l'ombre de la révolution russe et j'ai acquis très jeune une certaine familiarité avec les grands textes du marxisme et l'histoire du socialisme - superficielle peut-être, mais suffisante pour me vacciner contre les excès du gauchisme des années 1960 et m'enraciner dans le camp social-démocrate. Aujourd'hui, en tant qu'"intellectuel et homme public" (encore une étiquette assez vaine), je suis associé à ce qui reste de la gauche.

Pourtant, dans le monde de l'université, bien des collègues me considèrent comme un dinosaure réactionnaire. C'est tout à fait compréhensible : j'enseigne l'héritage textuel d'Européens morts et enterrés ; je supporte mal que "l'expression personnelle" remplace la clarté du raisonnement ; je considère l'effort comme un piètre substitut au résultat ; j'estime que ma discipline doit s'appuyer avant tout sur des faits et non de la "théorie" ; et je reste souvent sceptique face à ce qu'on appelle aujourd'hui la "recherche" historique. Selon les critères universitaires en vigueur, je suis un incorrigible conservateur. Alors comment me définir ?

Spécialiste de l'histoire européenne, né en Angleterre et enseignant aux Etats-Unis ; juif mal à l'aise avec la "judéité" telle qu'on la conçoit généralement dans l'Amérique contemporaine ; social-démocrate souvent en porte-à-faux avec mes collègues qui s'autoproclament radicaux, je devrais sans doute puiser quelque réconfort en me revendiquant "cosmopolite sans racines", cette insulte si familière. Mais l'expression me semble trop imprécise, trop délibérément universelle dans la portée qu'elle se donne. Loin d'être sans racines, je ne suis que trop enraciné dans une multitude d'héritages contrastés.

 

Je préfère les marges et les bordures

D'ailleurs, ce genre d'étiquette me procure toujours un certain malaise. Nous connaissons trop bien les mouvements idéologiques et politiques pour ne pas nous méfier de toute solidarité fondée sur l'exclusion de l'autre. Il faut se tenir à distance des "-ismes" les plus répugnants - le fascisme, le chauvinisme, le racisme - comme d'autres potentiellement plus attrayants : le communisme, bien sûr, mais aussi bien le nationalisme et le sionisme. Sans parler de la fierté nationale : plus de deux siècles après la célèbre remarque de Samuel Johnson, le patriotisme - comme peut en témoigner quiconque a passé les dix dernières années aux Etats-Unis - demeure le dernier refuge de la canaille.

Moi je préfère les marges et les bordures : ces lieux où les nations, les communautés, les allégeances, les affinités et les racines se frottent parfois âprement les unes aux autres, où le cosmopolitisme est moins une identité qu'une évidence et un mode de vie. Naguère, le monde regorgeait de tels lieux. Jusqu'à la fin du XXe siècle ou presque, nombreuses étaient les villes englobant une pluralité de communautés et de langues sujettes aux frictions et aux antagonismes, parfois même aux conflits, mais qui malgré tout coexistaient. Sarajevo en fut un exemple, de même qu'Alexandrie. Tanger, Salonique, Odessa, Beyrouth et Istanbul entraient toutes dans cette catégorie, tout comme des villes plus modestes telles que Czernowitz et Oujgorod. Selon les critères du conformisme américain, New York possède certains aspects de ces villes cosmopolites d'antan : voilà pourquoi j'ai choisi d'y vivre.

Assurément, il y a quelque complaisance à se prétendre toujours aux marges, toujours en marge. Une telle affirmation n'est possible que si l'on jouit de certains privilèges très précis. La plupart des gens, la plupart du temps, préfèrent ne pas se singulariser : c'est trop risqué. Si tout le monde est chiite, mieux vaut être soi-même chiite. Dans un Danemark où tout le monde est grand et blond, qui "choisirait" d'être petit et basané ? Même dans une démocratie ouverte et tolérante, il faut une certaine obstination pour aller délibérément à contre-courant de sa communauté, surtout si elle est restreinte.

Mais si l'on est né au croisement de plusieurs marges et que - grâce aux singularités institutionnelles de la carrière universitaire - on est libre d'y rester, cela me paraît offrir un point de vue particulièrement avantageux : que peuvent-ils connaître de l'Angleterre ceux qui ne connaissent que l'Angleterre ? Si l'identification à une communauté d'origine était cruciale pour définir mon identité, j'hésiterais peut-être à critiquer aussi vertement Israël, l'"Etat juif", "mon peuple". Les intellectuels dotés d'un sentiment plus développé d'appartenance organique pratiquent instinctivement l'autocensure : ils réfléchissent à deux fois avant de laver leur linge sale en public.

 

Nous entrons dans une ère de chaos

Contrairement au regretté Edward Said, je crois éprouver une certaine compréhension, et même de l'empathie, à l'égard des gens pour qui cela a un sens d'aimer un pays. Je ne considère pas un tel sentiment comme inconcevable, simplement je ne le partage pas. Mais, au fil des années, toute loyauté farouche et inconditionnelle - envers un pays, un Dieu, une idée ou un homme - a fini par me terrifier. La civilisation, ce vernis si mince, repose sur une croyance peut-être illusoire en notre humanité commune. Mais, si illusoire fût-elle, nous ferions bien de nous y accrocher. Car c'est justement cette croyance, et les restrictions qu'elle impose à nos dérives, qui est la première victime en cas de conflit ou de guerre civile.

Nous entrons, je le crains, dans une ère de chaos. Il n'y aura pas que les terroristes, les banquiers et le climat pour faire voler en éclats notre sentiment de sécurité et de stabilité. La mondialisation elle-même - cette "terre plate" qui hante les fantasmes utopiques de paix universelle - va devenir une source de peur et d'incertitude pour des milliards d'êtres humains, qui quêteront la protection de leurs dirigeants. Les "identités" prendront un tour mesquin et crispé à mesure que les indigents et les déracinés frapperont aux portes closes et aux murailles infranchissables de communautés privilégiées et autarciques, de Delhi à Dallas.

Etre danois ou italien, américain ou européen ne sera plus simplement une identité, mais un rejet et un reproche pour tous ceux qui en sont exclus. L'Etat, loin de disparaître, va peut-être enfin jouir de son plein pouvoir : les privilèges de la citoyenneté, les droits de résidence garantis par un titre de séjour seront brandis comme autant d'armes politiques. Les démagogues intolérants des démocraties existantes exigeront des "tests" - de culture, de langue, d'attitude - pour décider si les immigrés, dont c'est le seul espoir, méritent l'"identité" britannique, néerlandaise ou française. C'est déjà le cas. Dans ce meilleur des siècles, ils nous manqueront, les tolérants, les marginaux : le peuple des marges. Mon peuple.

 """

 

  

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 23:40

J'avoue, M'sieurs Dames... Noël, Pâques et Roch Ashana, 'Ashoura ainsi que tous les autres 1er de l'An ... ça m'gave !!!

Difficile à éviter tout de même sans passer pour une immonde indifférente, alors je me contenterai cette fois-ci de cette superbe photo prise il y a longtemps par l'excellent photographe Armand Borlant.

                                              Voeux--PNG     

Notons qu'il est le neveu de Robert Bober, berlinois qui avait fui le nazisme, écrivain, cinéaste (il a été l'assistant de Truffaut), co-réalisateur avec Georges Perec des " Récits d'Ellis Island " et, entre autres films, du très émouvant documentaire sur la rue de l'enfance de Georges Perec : " En remontant la rue Vilin " (voir sur ce blog l'article du 22 Novembre 2009). 

Robert-Bober.jpg

Que ces deux enfants, aux visages l'un rieur l'autre grave, nous rappellent que la vie est dure pour certains, douce pour d'autres, mais toujours pleine de promesses à tenir, de joies à prendre et surtout d'ignominies à combattre.

Sur ce, Joyeuses Pâques, oups : B O N N E   A N N E E   !  !  ! 


Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Paperolles
  • : Livres, Musique, Arts, Ciné, Humeurs et un peu d'humour ; si possible...
  • Contact

Profil

  • Beaucoup de lecture, un peu d'écriture.
Poésie, cinéma, musique(s), théâtre, arts plastiques, photo, Paris et aussi la mer "toujours recommencée", de l'humour, mes enfants, mes amis, mes amours et le monde comme il ne va pas...
La vie, quoi !
  • Beaucoup de lecture, un peu d'écriture. Poésie, cinéma, musique(s), théâtre, arts plastiques, photo, Paris et aussi la mer "toujours recommencée", de l'humour, mes enfants, mes amis, mes amours et le monde comme il ne va pas... La vie, quoi !

Recherche

Archives