Dans le fatras de mes parerasses, je retrouve un échange de Septembre 2005 avec le(la) producteur(trice) d'un ouvrage
intitulé "Proust pour tous", genre : " Ceci...pour les nuls" !
La promotion des textes littéraires ne s'est pas améliorée depuis l'accès au pouvoir d'un petit roi et mon point de vue ne
peut donc guère changer non plus.
Voici :
1)
Je découvre votre " production " au hasard d’une promenade sur le Net. Qu’est-ce qui a bien pu vous passer
par la tête ? Est-ce pour faire gagner du mètre linéaire sur les étagères Librairie des super marchés ? Je vais
vomir.
2) il ou elle répondait:
A combien de nouveaux lecteurs avez-vous fait decouvrir Proust ? L’elitisme ne sert pas bien, a mon avis,
le maintien de la culture. Je respecte pourtant votre point de vue, et si le grand ecrivain avait conquis autant de purs et durs que vous, sa posterite n’aurait pas besoin de vulgarisateurs de
mon type. Vous devez etre bien jeune. Bien a vous.
3) je rétorquais :
Ce serait donc de l’" élitisme " que de
proposer à la lecture des textes non expurgés ? Non, Madame ( ou Monsieur ? ), c’est simplement un minimum de respect pour le travail de toute une vie de l’auteur et de considération pour
l’intelligence du futur lecteur.
Mon message était quelque peu expéditif mais votre
réponse " Vulgarisateurs " dites-vous...le conforte, ô combien !
Que la théorie de la relativité, ou celle de l’expansion
de l’univers, nécessite certains travaux de vulgarisation intelligente menés par des scientifiques compétents à destination des non initiés pour éclairer leur lanterne ( s’ils sont - comme moi -
incapables d’entreprendre dix ans d’études de Mathématiques et de Physique pour les comprendre d’eux-mêmes), certes ! Mais que l’on prenne cette initiative, qu’on en ait seulement l’idée,
concernant un écrivain - et singulièrement celui-ci - montre en quelle piètre estime l’on tient et l’auteur et ses futurs lecteurs...
Je ne vous connais pas. Je veux bien vous imaginer
animé(e) des meilleures intentions ; elles pavent les enfers.
Quel est votre problème avec Proust ? Vous le trouvez
trop longuet ? touffu ? abscons ? ou démodé peut-être ? Quel est votre problème avec le lecteur ? Il est trop pressé ? trop d’jeun’ ? trop con ? il ne sait pas lire, peut-être
?
Pouquoi ne pas plutôt écrire un essai ? Vous y
développeriez vos opinions, y expliqueriez pourquoi vous vous demandez s’il ne faudrait pas effectuer des coupes claires dans tout ce fatras pour en rendre accessible la substantifique moëlle aux
ânes que sont vos contemporains. Je le lirais avec grande attention.
Vous aimez vraiment Proust ( ? ) : pourquoi ne pas le
relire, l’offrir, en discuter pendant des heures avec vos amis, le faire lire à vos enfants et petits-enfants ? A propos, si vous voulez initier ces derniers, pourquoi ne pas leur lire à haute
voix vos pages préférées comme l’a fait pour moi mon père et comme je l’ai fait pour mes enfants et eux pour les leurs ( vous faites erreur : j’ai soixante-deux ans ) ? Car ça marche presque à
tout coup : dès qu’ils savent lire, ils mettent le nez dans vos livres, le pied dans les bibliothèques, leurs sous dans les bonnes librairies et les voilà partis pour l’aventure merveilleuse de
la lecture. Puis peut-être de la " culture " dont on n’a pas à se soucier du " maintien " dans un corset réducteur de taille, mais de l’envol, de l’expansion tous azimuts, du débordement
généreux.
Votre politesse vous honore, mais je ne peux vous la
rendre : je ne respecte pas votre point de vue, désolée.
Un " grand écrivain " comme l’amant(e) doit être désiré,
abordé, courtisé, longuement fréquenté et follement aimé - ou haï, d’ailleurs - avant d’être compris ... peut-être, mais qu’en sait-on jamais ? et c’est bien ça qui est intéressant et nous
tient en haleine.
Si d’entrée de jeu vous lui coupez un bras, lui tordez
le nez, lui videz le ventre, voire l’émasculez, vous aurez du mal à trouver une Colombine pour votre Pierrot ; ou un lecteur pour notre Marcel.
Il y a déjà un "La littérature pour les nuls",
ou quelque chose comme ça, à côté duquel Lagarde et Michard n’eussent eu qu’à bien se tenir, alors Stop ! De grâce !
Laissez-moi vous chanter sur un air de
Brassens :
Ma mie, de grâce ne mettez
pas au bas d’un pareil papier
de signatu-u-u-re.
Vous en seriez déshonorée.
Sûr, vous vous en voudriez
dans le futur.
C’était juste pour vous faire sourire avant de vous quitter.
Sans rancune. Quoique...
***
Comme on dit : "ça se discute".
Relevez le gant si vous n'êtes pas d'accord.